Un groupe de femmes du Malawi a appelé à un sit-in vendredi pour défendre leur droit à porter des pantalons, après l'arrestation d'un gang qui déshabillait les femmes ainsi vêtues afin de les dévaliser, en les humiliant.

Le président Bingu wa Mutharika leur a donné raison jeudi en assurant ses concitoyennes qu'«elles pouvaient porter ce qu'elles voulaient», d'autant que le pantalon protège mieux, selon lui, les femmes que la jupe.

«Nous prions instamment les femmes et les hommes de bonne volonté de converger vendredi pour un engagement constructif envers la protection des femmes et la défense de leurs droits dans un Malawi démocratique», a déclaré jeudi Seodi White, une avocate et militante des droits des femmes.

Mme White a appelé les manifestants à se réunir à Blantyre, la capitale économique du pays, «en solidarité avec les victimes et pour exprimer notre indignation face à ces traitements barbares qu'ont subis des mères, épouses et filles de notre pays».

La police a annoncé mercredi avoir arrêté quinze «voyous» qui terrorisaient les femmes en leur enlevant pantalons et shorts avant de s'emparer de leur argent, dans la capitale Lilongwe.

Les femmes de ce pays profondément conservateur d'Afrique australe n'ont longtemps pas eu le droit de porter de pantalon, sous la dictature de Kamuzu Banda. L'interdiction n'a été levée qu'en 1994.

Le président malawite s'est déclaré surpris que les femmes soient ainsi harcelées, alors que «porter un pantalon protège davantage une femme que porter une jupe», jeudi sur les ondes de la radio d'État.

«Vous êtes libres de porter ce que vous voulez! Les femmes qui veulent porter des pantalons doivent le faire, car vous serez protégées contre les voyous, les marchands et les terroristes», a déclaré M. Mutharika.

Il a rejeté les rumeurs selon lesquelles il était à l'origine de ces déshabillages forcés de femmes dans les rues de sa capitale.

«C'est étrange! Ce n'est pas vrai que j'ai demandé aux gens de terroriser les femmes... Il y a bien une chose de sûre, c'est que je suis l'un des dix combattants pour les droits des femmes en Afrique!»

La vice-présidente Joyce Banda, désormais brouillée avec le président après une scission au sein du parti au pouvoir, avait estimé devant des journalistes mercredi que ces incidents étaient le résultat des graves difficultés économiques que traverse le pays.

«Il y a tant de souffrances que les gens ont décidé d'exprimer leurs frustrations aux dépens des autres», avait-elle déclaré.