Cinq pays d'Afrique australe se sont entendus jeudi pour former la plus grande zone internationale de protection animale du monde, dans une volonté de protéger près de la moitié des éléphants du continent et une grande variété d'animaux, d'oiseaux et de plantes, dont plusieurs sont en danger à cause du braconnage et de l'activité humaine.

Lors d'une cérémonie organisée jeudi en Namibie, des représentants de l'Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe ont apposé leur sceau officiel à un traité transfrontalier qui vise à regrouper 36 réserves naturelles et les régions environnantes.

Le Fonds mondial pour la nature (World Wildlife Fund, WWF) a expliqué que les cinq pays collaboreraient pour permettre aux animaux de se déplacer librement à travers leurs frontières sur une zone de 440 000 kilomètres carrés, presque l'équivalent de la superficie de la Suède.

La région comprend notamment les chutes Victoria, classées au patrimoine de l'UNESCO, et le célèbre delta de l'Okavango, au Botswana.

Les spécialistes de la protection de la nature affirment que les routes historiques de migration des animaux ont été coupées par les frontières nationales et les conflits humains. La longue guerre civile en Angola, notamment, a provoqué la fuite des hordes d'éléphants, qui sont particulièrement sensibles au bruit des tirs.

Le Botswana a déjà commencé à démanteler sa clôture à sa frontière avec la Namibie après des mesures prises pour freiner la propagation de maladies entre les animaux.

Selon le traité entré en vigueur jeudi, la Zone de protection transfrontalière Kavango Zambezi, connue sous l'acronyme KAZA, abrite environ 45 pour cent de tous les éléphants d'Afrique. Elle comprend aussi d'autres animaux sauvages, au moins 600 espèces d'oiseaux et 3000 espèces de plantes.

De précédentes tentatives pour établir des zones de protection animale transfrontalières en Afrique ont échoué, principalement parce que les communautés locales n'étaient pas engagées dans le projet, selon Chris Weaver, directeur régional de WWF en Namibie.

«Ici, c'est vraiment différent. Le projet est très axé sur les communautés», a-t-il dit à l'Associated Press lors d'une entrevue téléphonique.

Il a expliqué que les communautés locales auraient droit à des revenus et à des emplois dans le tourisme en échange de leur participation à la protection de l'environnement.

Un secrétariat indépendant a été établi pour coordonner le travail entre les autorités des différents pays et les communautés de la région.

La banque de développement allemande KFW a investi 40 millions $US dans le projet, a indiqué M. Weaver.

L'an dernier, a-t-il dit, des villageois de Namibie ont reçu quelque 700 000 $US pour leurs activités liées à la préservation de la nature. L'argent a été investi dans la formation, le transport, l'alimentation en eau et dans l'amélioration des écoles et des cliniques.

Selon M. Weaver, les réserves naturelles appartiennent traditionnellement aux gouvernements, ce qui a encouragé les braconniers à voler des animaux à l'État, un propriétaire distant et étranger à la région. Le projet KAZA offre maintenant des bénéfices tangibles aux communautés et aux pays membres.

«C'est une bonne nouvelle pour la protection de l'environnement en Afrique australe», a-t-il estimé.