Le président de la Bolivie, Evo Morales, a ordonné le départ de l'agence anti-drogue américaine (DEA), dont il avait suspendu samedi les activités dans le pays, a annoncé le ministre bolivien des Affaires étrangères David Choquehuanca.

«La note officielle dans laquelle le président indique que la DEA doit quitter le pays a déjà été remise», a déclaré le ministre dans un entretien publié mardi dans le quotidien La Razon.Les fonctionnaires de la DEA disposent d'«un délai de trois mois» pour partir, conformément à l'accord passé entre la Bolivie et les Etats-Unis, a précisé M. Choquehuanca.

Le gouvernement bolivien a en outre précisé mardi que l'ensemble des équipements dont disposait la DEA en Bolivie reviendrait à l'Etat après son départ du pays andin.

«Cela comprend des véhicules, des armes et tous les biens. Ils passeront aux mains de l'Etat», a souligné Felipe Caceres, responsable gouvernemental de la lutte anti-drogue, lors d'une conférence de presse à La Paz.

M. Morales avait annoncé samedi qu'il suspendait toutes les activités de la DEA, l'accusant d'avoir oeuvré au soulèvement civil dans cinq des neuf départements du pays qui avait fait 19 morts en septembre.

Le chef de l'Etat n'avait pas précisé si cette suspension s'accompagnait d'un ordre d'expulsion de ses membres.

Toutefois, le ministre bolivien de l'Intérieur Alfredo Rada avait averti dimanche qu'il n'y avait «plus d'explication ni de justification à la présence des agents de la DEA en Bolivie, quand leurs activités sont suspendues».

Les accusations de conspiration contre le gouvernement, d'espionnage et de financement de groupes violents ont été démenties par Washington qui les a qualifiées d'«absurdes».

M. Morales a des relations conflictuelles avec les Etats-Unis, dont il a expulsé l'ambassadeur en septembre, l'accusant d'avoir soutenu l'opposition.

Le président américain George W. Bush a récemment proposé de suspendre des avantages douaniers accordés à la Bolivie, critiquant son manque de coopération dans les actions contre le trafic de drogue.

La Bolivie, troisième pays producteur de cocaïne derrière la Colombie et le Pérou, a été placée à la mi-septembre sur la liste noire américaine des pays qui ne combattent pas assez le trafic de drogue.