L'ancien président péruvien Alberto Fujimori a été condamné mardi à Lima à 25 ans de prison, au terme de son procès de 16 mois pour violations des droits de l'Homme, dont des massacres de civils perpétrés par des «escadrons de la mort», pendant sa présidence de 1990 à 2000.



Le tribunal a reconnu M. Fujimori coupable «avec circonstances aggravantes», et assimilé ses crimes, «selon le droit international, à des crimes contre l'humanité»

Il a précisé que l'ancien président âgé de 70 ans, en raison des deux ans qu'il a déjà passés en prison, devrait exécuter sa sentence jusqu'au 10 février 2032. Il devra aussi verser des dommages et intérêts aux familles de 29 victimes.

M. Fujimori, qui était resté impassible pendant les trois heures et demie d'énoncé du jugement, prenant constamment des notes, a immédiatement indiqué qu'il ferait appel de la sentence, sans autre commentaire.

A l'extérieur de la salle d'audience, où des centaines de sympathisants fujimoristes s'étaient rassemblés dans la matinée, la fille de M. Fujimori, la populaire députée Keïko, a appelé ces partisans à «sortir dans les rues» pour manifester contre une sentence «injuste», et défendre l'héritage de l'ancien chef d'État, qui selon elle «sauva le pays du terrorisme».

Un imposant dispositif de 2.000 policiers contrôlait les abords de la Direction des opérations spéciales de la police à Ate, dans l'est de Lima, où s'est déroulé depuis fin 2007 le procès de l'ancien homme fort du pays. Huit mille autres ont été placés en état d'alerte jusqu'à mercredi.

Aucun incident sérieux, hormis des débuts de bousculade et des face-à-face crispés avec les forces de l'ordre, n'avait été relevé à la mi-journée.

M. Fujimori, 70 ans, était jugé pour son rôle dans deux tueries qui ont fait 15 morts en 1991 et 10 morts en 1992, perpétrées par un «escadron de la mort» dans le cadre de la guerre sans pitié, pour partie occulte, menée alors par l'État contre les guérillas d'extrême gauche.

M. Fujimori était aussi jugé pour les séquestrations à la même époque, par ses services secrets, d'un journaliste correspondant du journal espagnol El Païs et d'un entrepreneur.

Le tribunal a reconnu M. Fujimori coupable de toutes les charges, mais n'a pas suivi l'accusation qui avait requis 30 ans de prison. La défense avait réclamé l'acquittement.

Les organisations de défense des droits de l'Homme Amnesty International et Human Rights Watch ont salué la condamnation de M. Fujimori comme une «avancée importante» pour les droits de l'Homme, et un exemple annonçant d'autres procès contre d'anciens chefs d'État coupables de violations, en Amérique Latine et dans le monde.