Mexico s'est réveillé samedi dans un calme rare, «ville morte» où toutes les activités publiques ont été suspendues par les autorités face à une «épidémie» de grippe porcine responsable d'une vingtaine de morts, tandis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait en garde contre un «potentiel pandémique».

L'OMS a lancé un cri d'alarme samedi: «le virus a clairement un potentiel pandémique», a averti sa directrice générale, Margaret Chan, appelant les pays non touchés à accroître leur vigilance. Pour l'OMS, le temps presse car la maladie s'étend déjà géographiquement.

Au Mexique, trois foyers ont été identifiés: le principal à Mexico, la capitale, avec 20 décès (18, selon l'OMS), le deuxième dans le centre, à San Luis Potosi (24 cas, dont trois mortels, selon l'OMS) et un troisième, plus modeste, à la frontière avec les États-Unis, à Mexicali (quatre cas non mortels).

Preuve de la propagation, la souche détectée sur 12 cas mortels mexicains est «génétiquement identique» à celle découverte en Californie, aux États-Unis, pays voisin où huit cas non mortels ont été identifiés, a précisé l'OMS.

De plus, outre la Californie et le Texas, des cas suspects ont été relevés à New York où 75 étudiants présentant des symptômes de la grippe ont été soumis à des analyses, selon la chaîne de télévision CNN.

L'OMS s'inquiète particulièrement de la capacité du virus à se transmettre d'homme à homme, chez «des jeunes adultes en bonne santé», et de la mutation inédite qu'il a réalisée «dans des gênes jamais rencontrés auparavant». Le tout rappelle les frayeurs causées par la grippe aviaire.

«C'est la première fois que nous voyons une souche aviaire, deux souches porcines et une souche humaine», a relevé le responsable des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, Dave Daigle qui travaille étroitement avec l'OMS.

Aucun nouveau décès n'a toutefois été signalé à Mexico dans les dernières 24 heures, a annoncé la municipalité samedi matin.

Un peu plus de mille patients restent en observation, selon les autorités, qui avaient rassuré vendredi sur la disponibilité du médicament antiviral actif contre le virus. Elles avaient renoncé à une vaccination, déconseillée par l'OMS en raison de son inefficacité face à un virus nouveau.

La fermeture des établissements publics de la capitale, scolaires et universitaires, musées et théâtres, risque de durer au moins une semaine, avait averti vendredi soir le ministre de la Santé, José Angel Cordova.

Samedi matin, la circulation à Mexico était réduite à un strict minimum, celle d'un week-end de vacances, et nombre de passants portaient le masque chirurgical acheté la veille ou distribué gratuitement en fin de journée devant les stations de métro. Ce moyen de transport, comme tous les transports en commun, a été déconseillé par les autorités en raison du risque de contagion accru dans les atmosphères confinées.

Pour la même raison, vendredi soir, les bars et restaurants du centre ville ont vu leur clientèle réduite de moitié, selon nombre de professionnels. Et dimanche, les deux rencontres de première division de football professionnel prévues à Mexico seront disputées à huis clos, a décidé la Fédération nationale.

L'aéroport de la capitale reste ouvert, mais des équipes médicales y sont en place pour prendre les passagers en charge.

Le président mexicain Felipe Calderon et le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, ont suspendu leurs activités prévues pour se consacrer à la situation d'urgence.

Sept autres pays latino-américains, Costa Rica, Nicaragua, Brésil, Pérou, Chili, Colombie et Honduras, ont décrété l'alerte sanitaire ou annoncé des mesures préventives. La France a annoncé l'installation d'un centre de crise, qui publiera des recommandations aux Français séjournant au Mexique ou projetant de s'y rendre.