Les équipes de recherche françaises et brésiliennes poursuivaient vendredi leurs longues recherches dans l'Atlantique pour retrouver des débris de l'A330-200 d'Air France disparu entre Rio de Janeiro et Paris avec 228 personnes à bord, les premiers fragments repêchés ne provenant pas de l'appareil, contrairement à ce que les autorités brésiliennes avaient estimé dans un premier temps.

Parallèlement, à Paris, le parquet a ouvert une information judiciaire pour «homicides involontaires» suite à la disparition du vol AF447, a indiqué le parquet dans un communiqué. L'enquête a été confiée à la juge d'instruction Sylvie Zimmerman.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui dirige en France les investigations, a affirmé de son côté qu'il fallait «éviter toute interprétation hâtive» sur les causes possibles du drame. Il a toutefois observé qu'à ce stade, l'enquête montrait «l'incohérence des différentes vitesses mesurées». «À partir de l'exploitation des messages automatiques transmis par l'avion», l'enquête montre «l'incohérence des différentes vitesses mesurées», souligne le BEÀ dans un communiqué.

Les enquêteurs travaillant sur le drame vérifient si les instruments de mesure de la vitesse de l'appareil en vol ont dysfonctionné. Un capteur extérieur gelé ou un appareil de mesure de vitesse défaillant pourraient avoir transmis des informations erronées aux ordinateurs centraux de l'appareil.

Julien Gourguechon, secrétaire général international du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), a expliqué à l'Associated Press qu'il fallait considérer cette explication «avec beaucoup de précaution». «Il y a trois indicateurs de vitesse dans l'avion et la simultanéité des mauvaises indications relève du domaine de l'impossible», a-t-il affirmé. De plus, «une mauvaise indication de vitesse ne suffit pas à expliquer qu'un avion s'abîme en mer», a-t-il ajouté.

Par mesure de précaution, le constructeur Airbus a demandé à tous les opérateurs d'A330 de revoir les procédures de pilotage dans les conditions météo orageuses telles que celles rencontrées par le vol AF447.

Par ailleurs, la confusion régnait sur les débris repêchés dans l'Atlantique. Après avoir annoncé jeudi après-midi que l'un de ses hélicoptères avait repêché une palette de chargement provenant de l'appareil, l'armée de l'Air brésilienne a fait marche arrière six heures plus tard, le général Ramon Cardoso expliquant que cette palette était en bois et que l'A330 ne transportait pas de palette en bois. «Jusqu'à présent, aucune pièce de l'avion n'a été récupérée», a résumé devant la presse le général Cardoso.

À Paris, le secrétaire d'État aux Transports Dominique Bussereau a appelé à une «extrême prudence» sur les débris repêchés dans l'Atlantique et à garder comme «objectif principal de mettre la main sur les boîtes noires». «Je vous rappelle que nos avions et nos bâtiments n'avaient rien vu, ce sont nos amis brésiliens qui avaient vu des choses qu'ils pensaient être, qu'ils avaient affirmé venir de cet avion», a-t-il déclaré sur RTL.

Interrogé sur l'attitude du Brésil, M. Bussereau a estimé qu'«il ne s'agit pas de critiquer celles et ceux qui sont avec nous frères dans la douleur et qui nous apportent leur concours». «Les Brésiliens nous apportent une aide de grand coeur».

Vendredi, l'armée de l'Air brésilienne a acheminé des membres de familles des victimes de Rio de Janeiro au poste de commandement militaire centralisant les recherches à Recife (nord-est), pour qu'ils puissent suivre l'opération et poser des questions. Il y a une grande base de l'armée de l'Air à Recife où les débris et restes humains susceptibles d'être retrouvés seront acheminés après avoir été récupérés dans l'océan.

Le colonel Laurent Mathou, coordinateur des recherches depuis la base aérienne française à Dakar, a expliqué que les recherches aériennes se poursuivaient vendredi, avec un patrouilleur Atlantique II reparti en mission, alors qu'un avion radar AWACS devait redécoller dans la journée. Un Falcon 50 de la Marine nationale, basé à Natal, «va faire des missions à partir du Brésil», a-t-il précisé sur RTL. «Par rapport aux côtes brésiliennes, nous sommes à des distances de l'ordre de 600, 700km, jusqu'à 1200km, et nous avançons pas à pas pour quadriller cette partie d'océan», a-t-il souligné.