Certains des barrages routiers mis en place par des Indiens en Amazonie péruvienne ont été levés vendredi, en réponse à l'abrogation jeudi de décrets contestés sur l'exploitation de l'Amazonie.

Un de leurs leaders a cependant menacé d'un nouveau mouvement de protestation si le gouvernement ne tenait pas ses promesses.

Selon la police, la circulation se normalisait sur plusieurs axes Ouest-Est cruciaux vers l'Amazonie péruvienne, après la levée totale ou progressive de barrages près de Yurimaguas (900 km au nord de Lima) et San Ramon (300 km à l'est) notamment.

Les blocus frappant aussi ponctuellement des fleuves navigables, des sites pétroliers, s'étaient multipliés depuis avril, les Indiens entendant ainsi protester contre l'absence de consultation sur l'exploitation de l'Amazonie.

La situation a dérapé les 5 et 6 juin à Bagua (nord), quand des heurts ont opposé police et Indiens, faisant 34 morts. Il s'agissait de la pire violence survenue au Pérou depuis 17 ans.

Daysi Zapata, leader de l'AIDESEP, principal collectif représentant 65 ethnies amazoniennes, a appelé État et indigènes à «oublier le passé et à résoudre, autour de la table ronde instituée, les problèmes de l'Amazonie».

«Nous espérons que l'État respectera la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui stipule que les peuples indigènes doivent être consultés quand s'édictent des normes sur le développement affectant leurs territoires», a-t-elle déclaré sur la radio RPP.

Mais «si le gouvernement retombe dans ses erreurs, les peuples indigènes se dresseront de nouveau», a-t-elle lancé.

La révocation de deux décrets sur les concessions en zone forestière a été publiée vendredi au journal officiel, consacrant la victoire politique de la minorité indienne amazonienne (400 000 personnes) après la volte-face d'un gouvernement sonné par les violences de Bagua.

Le premier ministre Yehude Simon a annoncé qu'il démissionnerait une fois la crise résolue. Il a depuis déclaré que la décision finale reviendrait au président Alan Garcia.