De violents heurts ont éclaté lundi dans la capitale du Honduras, faisant plusieurs blessés au lendemain du coup d'Etat militaire contre le président Manuel Zelaya qui, en exil, a obtenu un soutien très ferme des Etats-Unis et de toute l'Amérique latine.

Les affrontements ont opposé les partisans du chef d'Etat déchu, expulsé manu militari du pays dimanche, à des soldats qui gardaient l'accès au palais présidentiel à Tegucigalpa.

Les soldats ont tenté de déloger des barricades édifiées devant le bâtiment, en tirant des tirs lacrymogène sur des centaines de manifestants qui ont riposté par des jets de pierre.

«Il y a des troubles. La police est en train de le réprimer. On entend des coups de feux (...). Il y a des blessés partout: des civils, des militaires, des policiers», a rapporté le photographe de l'AFP.

Des dizaines de jeunes au visage masqué, armés de barre de fer et de bâton, s'étaient réunis dès l'aube pour exiger le retour au pouvoir de M. Zelaya. Plusieurs commerces ont aussi été saccagés.

Les autorités ont réduit au silence les télévisions et radios publiques, favorables au gouvernement déchu tout comme la chaîne américaine CNN, depuis qu'elle a mis en doute la version officielle sur le retrait volontaire du président élu.

M. Zelaya, un dirigeant de gauche au pouvoir depuis 2006, avait été destitué pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire ouvrant la voie à une possible réélection, un scrutin jugé illégal par la Cour suprême.

Désigné par intérim à la tête du pays de 7,5 millions d'habitants jusqu'à la prise de fonction du prochain chef d'Etat en janvier 2011, le président du Congrès, Roberto Micheletti a commencé à former son gouvernement, après avoir décrété 48 heures de couvre feu.

Le concert de protestations de la communauté internationale contre le putsch des militaires honduriens n'avait pas dégonflé lundi.

Le président américain Barack Obama a affirmé que l'éviction de M. Zelaya n'était «pas légale», dénonçant «un précédent grave». «Le président Zelaya a été démocratiquement élu. Il n'a pas fini son mandat», a-t-il lancé.

Les Etats-Unis possèdent toujours des installations militaires dans ce pays, utilisé comme base anti-guérilla en Amérique centrale dans les années 80.

Lors d'un sommet spécial au Nicaragua, les dirigeants de la gauche radicale latino-américaine ont apporté un soutien encore plus marqué à Zelaya, venu leur rendre visite dans ce pays voisin du Honduras.

«Face au gouvernement dictatorial qui prétend s'imposer, les pays de l'Alba ont décidé de retirer leurs ambassadeurs et de réduire à sa plus simple expression leur représentation diplomatique à Tegucigalpa», précise l'Alliance bolivarienne pour les Amériques dans une motion.

Fondée par le Venezuela et Cuba, l'Alba, rejointe par le Honduras, réunit leurs principaux alliés de la gauche anti-libérale en Amérique latine comme le Nicaragua, l'Equateur et la Bolivie.

Les dirigeants d'Amérique centrale ont appelé à isoler le nouveau régime issu du putsch. Réunis pour un sommet du Système d'intégration centre-américain (Sica), également au Nicaragua, ils ont demandé aux organismes financiers internationaux de «suspendre immédiatement tous les prêts» au Honduras.

Après Managua, le président évincé se rendra à New York pour défendre sa cause mardi devant l'Assemblée générale des Nations unies, à l'invitation du président de l'Assemblée, Miguel d'Escoto, a indiqué un porte-parole onusien.

«C'est le premier (coup d'Etat) dans la région depuis la fin de la guerre froide», a déploré M. d'Escoto, lors d'une réunion extraordinaire de l'Onu.