Le médiateur dans la crise au Honduras, le président du Costa Rica Oscar Arias, a proposé mercredi une nouvelle solution aux deux parties qui «implique» le retour au pouvoir du président Manuel Zelaya dès vendredi. Sitôt présentée, cette offre a toutefois été rejetée par le gouvernement de facto.

Aux termes de l'«Accord de San Jose», présenté par le prix Nobel de la paix 1987, M. Zelaya devait retrouver ses fonctions dès vendredi dans le cadre d'un retour à la situation d'avant le coup d'État, mais en acceptant de répondre devant la justice des accusations lancées contre lui.

En vertu d'une amnistie générale qui couvrirait toutefois tous les «délits politiques» commis avant et après le coup d'État du 28 juin, le président déchu ne devrait plus comparaître pour haute trahison, mais ferait toujours l'objet de poursuites pour corruption.

Malgré ce changement par rapport au premier plan proposé le week-end dernier par M. Arias, les autorités en place depuis le coup d'État ont de nouveau manifesté leur refus de laisser revenir au pouvoir le président déchu.

«Le retour de monsieur Zelaya comme président, c'est impossible», a déclaré le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de fait, Carlos Lopez Contreras, à la chaîne d'information CNN en espagnol.

«Ce point reste à l'écart de la médiation. Tout le reste est négociable et peut faire l'objet d'une solution», a-t-il ajouté.

Roberto Micheletti, président désigné après l'éviction de M. Zelaya, a pour sa part indiqué qu'il attendait le rapport de sa délégation avant de se prononcer.

L'accord «est pratiquement mort», a estimé de son côté M. Zelaya, interrogé par la chaîne latino-américaine Telesur, dont le siège se trouve au Venezuela.

«Nous avons accédé à toutes leurs exigences», mais «de manière totalement arbitraire, ils ont décidé de rejeter toute possibilité d'accord», a ajouté le président déchu. «Nous nous sentons outragés.»

La proposition de M. Arias, reprenant pour l'essentiel le projet présenté le week-end dernier, prévoit également que Robert Micheletti retrouve la présidence du Congrès et qu'un gouvernement d'union soit formé lundi.

Le président costaricien propose aussi d'avancer l'élection présidentielle d'un mois (au 28 octobre) et d'exclure tout projet d'assemblée constituante ou de consultation populaire pour modifier la Constitution, comme celle que préparait M. Zelaya le 28 juin, quand les militaires sont venus l'arrêter.

Au Honduras, les deux camps ont continué à marquer leur terrain.

Plusieurs milliers de partisans du régime de facto se sont réunis à Tegucigalpa pour une «marche patriotique» pour dénoncer «les pressions et les ingérences étrangères», ont constaté des journalistes de l'AFP. Les partisans de M. Zelaya ont, eux, annoncé une extension de leurs manifestations et de leurs barrages routiers. Ils ont appelé, les enseignants notamment, à une grève nationale jeudi et vendredi.

M. Zelaya, magnat de l'industrie du bois, élu comme candidat conservateur fin 2005, bénéficie du soutien des classes populaires depuis son virage à gauche l'an dernier.