Les partisans du président déchu du Honduras Manuel Zelaya ont à nouveau manifesté samedi pour marquer les 90 jours de son renversement, alors que la communauté internationale continuait à dénoncer le «siège» imposé à l'ambassade par les forces de l'ordre.

«Pour le jour 90, il y aura une énorme manifestation de notre peuple, le peuple ne se rend pas. Nous allons mener des actions de mobilisation dans les quartiers et dans la rue», a promis Rafael Alegria, l'un des dirigeants du Front de résistance contre le coup d'État du 28 juin. Plusieurs milliers de «résistants» ont atteint vers 12h30, les environs de l'ambassade du Brésil, criant «Mel (surnom de Manuel Zelaya, ndlr), ami, le peuple est avec toi!».

«La situation politique a évolué ces derniers jours, avec la présence du président le mouvement s'est renforcé», a déclaré à l'AFP un des dirigeants du mouvement, Juan Barahona.

Souvent vêtus de t-shirts rouge, couleur symbolique de la «résistance», les zelayistes, restaient toutefois pacifiques.

Manuel Zelaya, arrivé au pouvoir en janvier 2006, a été renversé puis expulsé du pays lors d'un coup d'État qui a porté au pouvoir, le 28 juin, l'ex-président du Congrès Roberto Micheletti.

Après deux tentatives infructueuses de retour en juillet, il a réussi à rentrer clandestinement lundi, avant de se réfugier à l'ambassade du Brésil, désormais encerclée par des centaines de militaires et policiers.

Samedi, à la mi-journée le chargé d'affaires brésilien Francisco Catunda (bien Catunda) a quitté les locaux de l'ambassade scandalisé par l'attitude des forces de l'ordre honduriennes, qui «assiègent» selon lui le bâtiment.

«Nous sommes dans une situation totalement unique au monde. C'est le seul endroit dans le monde où il y a une ambassade assiégée», a affirmé Francisco Catunda à la presse.

«Si vous saviez la quantité de papiers, de choses, de vérifications, de négociations que j'ai dû faire pour que moi, le chargé d'affaires du Brésil, je puisse sortir», a-t-il ajouté.

La présidente argentine Cristina Fernández a abondé dans son sens, un peu auparavant.

 «Ni sous la dictature de (Jorge) Varela en Argentine ni sous celle (d'Augusto) Pinochet au Chili l'on a pu observer une agression comparable à celle infligée à l'ambassade du Brésil», a-t-elle déclaré à la presse en marge du sommet Amérique du sud - Afrique organisé à l'île Margarita (Venezuela).

Vendredi, à New York, le Conseil de sécurité avait condamné les «actes d'intimidation commis contre l'ambassade».

«Les membres du Conseil ont (...) appelé le gouvernement de facto du Honduras à cesser de harceler cette ambassade et à lui fournir tous les services nécessaires, y compris eau, électricité, nourriture et maintien des réseaux de communication», a annoncé l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, au nom du Conseil qu'elle préside en septembre.

Les pays européens ont pour leur part annoncé que les ambassadeurs de France, d'Espagne, d'Italie et d'Allemagne-- rappelés lors du renversement de M. Zelaya -- seraient renvoyés au Honduras, pour aider à trouver une solution à la crise qui semble s'enliser.

Ils ont cependant précisé que ce retour ne signifiait pas «une reconnaissance du gouvernement de facto».

Samedi matin l'armée a annoncé à la presse qu'elle serait désormais acceptée dans un périmètre d'où l'ambassade est visible afin d'éviter qu'il ne puisse y avoir de spéculations sur «le respect des droits de l'homme» des quelque 80 personnes retranchées dans le bâtiment.