Les principaux médias d'opposition au gouvernement putschiste du Honduras ont été fermés lundi matin, et le président déchu, Manuel Zelaya, à appelé la communauté internationale à réagir «immédiatement», trois mois jour pour jour après sa destitution, le 28 juin.

Vers 6h30 les émissions de Radio Globo se sont tues. Des policiers et militaires ont investi les locaux de la station située dans le centre de Tegucigalpa, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Nous avions des portes en fer, fortifiées, ils ont perdu du temps», a témoigné le directeur de la radio Juan-David Romero, qui se trouvait à l'intérieur.

«Nous avions préparé la fuite, avec une échelle et des cordes», depuis le troisième étage du bâtiment, a-t-il encore déclaré à l'AFP en précisant que quatre personnes au total se trouvaient dans la radio au moment de l'arrivée des forces de l'ordre.

Non loin de là, les locaux de la chaîne 36 de télévision ont également été investis par la police, a constaté l'AFP.

Un policier sur place a montré le texte émis par l'organisme de supervision des télécommunications, Conatel, qui ordonnait la fermeture, justifiée par les «atteintes à l'ordre public» dont est accusé ce média.

Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, qui parlait régulièrement à ces deux médias grâce auxquels il faisait passer des messages à ses partisans, a peu après appelé la communauté internationale à «réagir immédiatement» face à cette situation, qui pourrait conduire selon lui à sa propre disparition.

«Ils ont fait taire les seules voix du peuple hondurien. Ils tuent notre esprit, de manière cruelle et inhumaine», a déclaré Manuel Zelaya.

«La communauté internationale doit réagir immédiatement avant que le meurtre d'un dirigeant se produise».

Quelques heures plus tôt, le ministère français des Affaires étrangères avait fait part de la préoccupation de la France, pour les «graves atteintes» portées aux garanties constitutionnelles et aux libertés au Honduras.

Dimanche soir, le gouvernement putschiste avait en effet annoncé la signature d'un décret s'apparentant à l'instauration de l'état de siège, restreignant pendant 45 jours la liberté de réunion, de circulation ou encore de presse.

«Ceci est une agression totale. Nous sommes sans aucun doute face à un régime militaire», a dénoncé Andres Pavon, président du Comité de protection des droits de l'Homme.

Vers 10H00 du matin, des manifestants favorables au président déchu ont commencé à affluer vers l'Université pédagogique de Tegucigalpa, point de départ traditionnel des marches des «zelayistes».

Selon Samuel Trigeros, un des dirigeants du Front de résistance au coup d'État, fondé après le renversement de M. Zelaya, les «résistants» avaient l'intention de marcher à nouveau lundi, sans pour autant s'opposer aux forces de l'ordre si celles-ci les empêchaient d'avancer.

«Nous resterons ici toute la journée. Nous voulons toujours manifester pacifiquement, ce qui contraste avec toutes les actions des putschistes», a-t-il déclaré.

Dimanche, le gouvernement de facto avait également durcit sa position à l'égard de la communauté internationale, empêchant quatre membres de l'Organisation des États américains de rentrer sur le territoire hondurien où ils devaient préparer une mission de médiation pour mettre fin à la crise.

Le Brésil a en outre été sommé de se prononcer «dans les dix jours» sur le statut de Manuel Zelaya, réfugié dans son ambassade depuis le 21 septembre.

Faute de réponse à cette exigence, sa représentation perdra son statut diplomatique, a prévenu le gouvernement de facto.