Le tango, danse d'origine argentine et uruguayenne aujourd'hui pratiquée dans le monde entier, a été inscrite mercredi au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco, lors d'une réunion à Abu Dhabi, au cours de laquelle 76 autres traditions de 27 pays ont été distinguées.

Le patrimoine immatériel mondial, parfois menacé de dégradation ou de disparition, regroupe des pratiques, des connaissances ou des savoir-faire reconnus par des groupes ou des communautés comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Il se manifeste par exemple dans les traditions et expressions orales, l'artisanat les arts du spectacle, les pratiques sociales les rituels ou les événements festifs. Selon l'Unesco, il vient compléter les listes du patrimoine mondial qui comprennent des centaines de sites naturels et culturels.

Le tango fait partie d'une liste de 76 inscriptions décidées mercredi à Abu Dhabi par l'Unesco. Pour la France, figurent sur cette liste les Tapisseries d'Aubusson, «la tradition du tracé dans la charpente française» et le Maloya, un chant et une danse de l'île de la Réunion.

En Belgique, la procession du Saint Sang qui a lieu chaque année le jour de l'ascension à Bruges (nord) a été honorée.

Pas moins de 22 traditions de Chine sont également inscrites, dont la technique de la xylogravure chinoise, le découpage du papier chinois ou encore l'opéra tibétain. C'est le cas également des dentelles de Croatie ou de celles de Lefkara, à Chypre.

Le Japon obtient 13 inscriptions, parmi lesquelles plusieurs rituels ancestraux.

Pour l'Afrique, deux traditions maliennes ont été retenues: la Charte du Manden, proclamée à Kouroukan Fouga, et qui est l'une des plus anciennes constitutions au monde; la réfection septennale du toit du Kamablon, un édifice qui sert de sénat villageois et fut construit en 1653.

Outre le tango, l'Uruguay a reçu une autre inscription pour le Candombe, un rassemblement au son des tambours des communautés d'origine africaine.

À Buenos Aires et Montevideo, les autorités prévoient un week-end festif pour marquer l'inscription du tango au patrimoine de l'Unesco.

«C'est un hommage à tous ceux qui ont soutenu le tango depuis sa création, et qui ont transmis la poésie et la danse de génération en génération», a estimé Hernan Lombardi, responsable de la culture pour la ville de Buenos Aires.

La tradition argentine et uruguayenne du tango, aujourd'hui renommé dans le monde entier, est née au début du 20e siècle dans les milieux populaires des villes de Buenos Aires et de Montevideo, dans le bassin du Rio de la Plata, le fleuve qui sépare l'Argentine de l'Uruguay, note l'Unesco sur son site Internet.

«Dans cette région où se mêlent des immigrants européens, des descendants d'esclaves africains et des autochtones, les criollos, a émergé un mélange hétéroclite de coutumes, de croyances et de rituels qui s'est mué en une identité culturelle caractéristique», poursuit l'organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture.

«Pratiqué dans les salles de danse traditionnelle de Buenos Aires et de Montevideo, le Tango répand aussi dans le monde entier son esprit communautaire, tout en s'adaptant aux évolutions du monde avec le temps», ajoute l'organisation.

Les 76 nouvelles pratiques ou traditions s'ajoutent à une liste qui en comprenait déjà 90. Parmi celles déjà sur la liste des biens immatériels de l'Unesco, avant cette réunion d'Abu Dhabi, figurent le carnaval d'Oruro en Bolivie, les dessins sur le sable du Vanuatu, le théâtre Nogaku au Japon, ou le patrimoine oral du Guélédé (Bénin, Nigeria et Togo).

Début 2008, le président français Nicolas Sarkozy avait envisagé de demander l'inscription de la gastronomie française à cette liste du patrimoine immatériel. Mais la candidature n'a finalement pas été présentée.