Le président bolivien Evo Morales a annoncé samedi que la Russie avait l'intention d'installer au coeur de la Bolivie «un centre pour l'entretien des avions russes volant en Amérique du Sud».

Selon le dirigeant socialiste, qui a signé d'importants accords de coopération militaire et énergétique avec Moscou en février, ce centre sera installé à Chimoré, dans la région de Chapare située dans le centre du pays sud-américain.

Ce projet fera du petit aérodrome de Chimoré «le plus grand aéroport de Bolivie» et transformera la ville en «pôle de développement régional», a ajouté M. Morales, qui a débuté sa carrière syndicale et politique dans cette région productrice de coca.

Une fois agrandie, cette plate-forme modernisée constituera «une alternative aux autres aéroports de Bolivie pour l'importation de produits», a précisé le président bolivien.

Selon une source au sein du ministère de la Défense, la création de ce centre d'entretien et de réparation d'avions cargos Antonov est conditionnée à l'achat par la Bolivie d'un avion de la même marque destiné à remplacer l'appareil vieillissant utilisé par le président Morales.

Le coût de l'opération, annoncée depuis des mois par La Paz, est évalué à 30 millions de dollars.

L'offre présentée au mois d'août par l'entreprise Ilyushin Finance et avalisée par le gouvernement russe prévoit que le contrôle du centre d'entretien des avions Antonov soit confié aux forces aériennes boliviennes.

Un peu plus de 50 appareils de ce type sont utilisées par des compagnies de plusieurs pays de la région (Argentine, Cuba, Colombie, Equateur, Mexique et Venezuela).

«Cette piste appartenait avant aux +gringos+, maintenant elle appartient aux Boliviens», s'est encore félicité M. Morales, en référence au fait que l'aérodrome était autrefois contrôlé par l'agence antidrogue américaine (DEA).

Début novembre 2008, le chef de l'Etat avait ordonné l'expulsion des agents de la DEA opérant en Bolivie, les accusant d'avoir oeuvré au soulèvement civil dans cinq des neuf départements du pays, qui avait fait 19 morts en septembre.

Le ressentiment de la gauche antilibérale latino-américaine à l'égard de l'ancienne administration américaine, dirigée jusqu'en début d'année par George W. Bush, a permis à la Russie de renforcer ses positions dans la région.