L'ancien guérillero Jose «Pepe» Mujica, candidat de la gauche au pouvoir, est arrivé dimanche en tête de l'élection présidentielle en Uruguay. Il affrontera le candidat du Parti national (droite), l'ancien président libéral Luis Alberto Lacalle, lors du second tour le 29 novembre.

Jose Mujica, 74 ans, a obtenu environ 48% des suffrages, contre environ 30% pour son adversaire, qui a dirigé le pays de 1990 à 1995, selon trois sondages à la sortie des urnes. La cour électorale devait annoncer les résultats officiels dans la journée.

Mujica et son candidat à la vice-présidence, Danilo Astori, se sont dit optimistes sur l'issue du second tour. Même si Lacalle récupère les voix du troisième candidat de l'aile droite, Pedro Bordaberry, la coalition de gauche l'emporterait encore, selon eux.

«Nous allons combattre pour toute la nation», a déclaré José Mujica, «pour que l'économie marche, et aussi nous soucier de ceux qui ont le moins». Il a assuré que l'Uruguay pourrait ressembler à la Finlande, avec une économie diversifiée créant des emplois correctement rémunérés et se préoccupant de ceux «qui ont le moins».

De son côté, le candidat de la droite, qui a promis une baisse des impôts, a répliqué que son équipe représente «la meilleure option pour la sécurité, la paix et le dialogue dont le pays a besoin».

Jose Mujica, guérillero emprisonné pendant près de 15 ans sous la dictature, est le candidat de la coalition de gauche de Frente Amplio, et représente le parti au pouvoir. Les sondages réalisés avant le scrutin le donnaient favori pour succéder au président Tabare Vazquez, lui-même issu de cette coalition.

Il a appartenu à la guérilla Tupamaru, inspirée par la révolution cubaine. Il a été condamné pour le meurtre d'un policier en 1971 et a purgé une peine de 15 ans de prison, au cours de laquelle il a subi des tortures et des mesures d'isolement. Mujica a ensuite participé à la transformation des guérillas en mouvement politique. Réputé pour son langage parfois trivial, il aime invoquer le droit d'un vieil homme à exprimer ce qu'il pense.

«Plus qu'un homme, c'est un reflet de nous-mêmes: ses sacrifices, ses amours, ses erreurs», a estimé un informaticien, Alejandro Carbonell, agitant le drapeau du parti majoritaire, son fils sur les épaules. «Le monde entier a besoin de cela: des gens qui peuvent nous aider à nous sauver de nous-mêmes, et éradiquer notre peur».

Les électeurs uruguayens étaient également appelés à se prononcer sur deux référendums d'initiative populaire, l'un pour lever l'amnistie sur les abus commis contre les droits de l'Homme pendant la dictature de 1973 à 1985, et un autre pour permettre aux citoyens vivant hors du pays de voter par Internet. Ils n'ont pas obtenu assez de suffrages pour entrer en vigueur.