Le président israélien Shimon Peres a appelé mardi le Brésil à exprimer une «voix claire» contre la menace nucléaire iranienne, à deux semaine d'une visite du leader iranien Mahmud Ahmadinejad.

Ces visites au Brésil des dirigeants des deux pays ennemis illustre l'ambition du géant sud-américain, qui aspire à un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, et à jouer un rôle plus actif sur la scène mondiale.

Il s'agit de la première visite d'un chef d'Etat israélien au Brésil en 43 ans. M. Peres doit ensuite poursuivre sa tournée en Argentine.

Au premier jour, il a donné le ton devant les deux chambres du Congrès réunies en séance extraordinaire.

«Nous avons besoin d'une voix contre la destruction et contre la terreur, une voix claire. Je sais que le Brésil s'oppose aux menaces, à la destruction, s'oppose à la terreur, et la voix claire du Brésil a un fort écho dans le monde entier», a dit M. Peres.

Il a affirmé que le peuple juif «historiquement n'a jamais été l'ennemi» du peuple iranien mais a ajouté que l'on ne pouvait «ignorer ce gouvernement (de Ahmadinejad) qui est en train de construire des armes nucléaires et en même temps défend la destruction de l'Etat d'Israël».

Israël et les Occidentaux accusent l'Iran de développer un programme nucléaire pour se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément.

Néanmoins, il a ajouté qu'il n'avait pas l'intention de «parler du président Ahmadinejad au cours de cette visite au Brésil», alors que le leader iranien est attendu le 23 novembre à Brasilia.

Lula défend le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire pacifique et, dans une interview à l'AFP en septembre, s'était dit fermement opposé à l'imposition de nouvelles sanctions contre le régime iranien.

Coïncidence ou pas, l'ambassadeur d'Iran à Brasilia, Mohsen Shaterzadeh, a tenu une conférence de presse mardi, au premier jour de la visite de Shimon Peres, pour évoquer la prochaine visite de M. Ahmadinejad.

Coopérations pétrolière, agricole, technologique et spatiale seront au menu des discussions, a indiqué l'ambassadeur qui a précisé que le président Lula devait à son tour se rendre à Téhéran au cours du premier semestre 2010.

Dans son discours au Congrès, le président israélien a également souligné que le gouvernement israélien était prêt à faire des «concessions difficiles» pour avancer dans la création d'un Etat palestinien, un processus bloqué depuis un an.

Auparavant, Shimon Peres, qui a été fait citoyen d'honneur de Brasilia, a rencontré le ministre brésilien de la Défense Nelson Jobim. A l'issue de la rencontre, celui-ci a déclaré à la presse qu'il y avait de la place «pour une grande participation» d'Israël à la modernisation des forces armées brésiliennes.

Mais il a prévenu que le Brésil, comme ce fut le cas lors de l'achat d'hélicoptères et de sous-marins à la France, souhaitait faire d'amples transferts de technologie.

M. Peres est accompagné d'une importante délégation d'entreprises israéliennes, notamment du secteur de l'électronique, de l'avionique et de l'armement tel Elbit Systems ou Israel Aerospace Industries et Rafael Advanced Defense Systems.

Mercredi, il s'entretiendra avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva. Il se rendra jeudi dans la capitale économique du Brésil Sao Paulo et achèvera sa visite officielle vendredi à Rio de Janeiro.