Le trafic de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe menace la stabilité politique des pays d'Afrique par lesquels il transite, et ce davantage que l'extrémisme islamiste, a affirmé mardi un expert devant un groupe de sénateurs américains.

Depuis cinq ans, les cartels de la drogue d'Amérique latine utilisent de plus en plus l'Afrique comme plaque tournante de leur trafic de cocaïne vers l'Europe, a expliqué David Gutelis, de la société de consultants Ishitrak, lors d'une audition de la sous-commission des Affaires étrangères pour l'Afrique.

«La demande européenne et l'efficacité assez grande des cartels sud-américains pour transporter la drogue vers et à travers les ports d'Afrique de l'ouest ont eu pour résultat une croissance exponentielle des flux, en valeur et en volume», a affirmé M. Gutelis.

Ce trafic constitue «la menace la plus importante contre la stabilité régionale», davantage que la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi), a prévenu cet expert, qui cite notamment le Maroc, la Libye et l'Egypte parmi les pays de transit.

Cette audition intervient au lendemain de l'annonce à Dakar que des trafiquants de drogue sud-américains avaient réussi à faire atterrir un avion cargo Boeing début novembre en plein désert du Mali, où ils avaient déchargé de la cocaïne. L'appareil s'était ensuite écrasé.

De son côté, l'Office de l'ONU contre la drogue et le crime (ONUDC) affirmait en 2008 que la Guinée-Bissau semblait être «un point clé d'entrée de la cocaïne en Afrique».