La guerre entre les cartels de trafiquants au Mexique a atteint un nouveau sommet: 69 meurtres ont été commis samedi dernier, un record dans les trois années de lutte active contre le trafic des stupéfiants menée par le gouvernement mexicain.

Vingt-six de ces assassinats ont eu lieu dans la ville frontalière de Ciudad Juárez, qui vient de ravir le titre peu envieux de ville la plus violente du monde.

 

Les auteurs des crimes sont prêts à tout pour terroriser leurs adversaires. Vendredi, on a trouvé le visage d'une des victimes cousu sur un ballon de soccer.

Le même jour, le corps d'un journaliste de 29 ans du nom de Valentin Valdez a été trouvé dans la ville de Saltillo, dans le nord du pays. L'homme avait été tué par cinq balles tirées à bout portant. Une note laissée sur place disait: «Ceci va arriver à tous ceux qui ne comprennent pas que le message s'adresse à tout le monde.»

«Les journalistes mexicains sont terrorisés par cette vague de violence, qui les empêche de faire leur travail correctement, a dit Carlos Lauria, du Comité pour la protection des journalistes. Nous implorons les autorités mexicaines de mettre un terme à ce cercle vicieux en enquêtant sur le meurtre de M. Valdez et en traduisant les responsables en justice.»

Cent personnes ont été tuées à Ciudad Juárez depuis le début de l'année. L'an dernier, cette ville, située à la frontière américaine, près d'El Paso, au Texas, avait connu 46 assassinats au cours de la même période.

Sur le plan national, près de 300 personnes ont été tuées dans la guerre que se livrent les groupes criminels depuis le début de 2010.

Le gouvernement affirme que la vaste majorité des victimes sont membres des cartels. Environ 10% des victimes sont des policiers ou des militaires, et les civils innocents seraient moins touchés encore.

Le gouvernement mexicain utilise ces statistiques pour défendre sa lutte contre les groupes criminels, qui seraient déstabilisés par les effusions de violence.

Or, les exécutions d'innocents ou de mineurs semblent devenir de plus en plus courantes. Mercredi dernier, trois étudiants en uniforme ont été criblés de balles dans la ville frontalière de Tijuana. Un autre jeune a été tué par balles alors qu'il était assis dans la voiture de ses parents, dans un quartier cossu de la ville.

«Ces actes de violence semblent, de plus en plus, être du narco-terrorisme», a écrit récemment Victor Clark, directeur du Centre binational des droits de l'homme, un organisme qui a son siège à Tijuana.

La violence est le résultat d'une politique anti-cartel mise de l'avant depuis 2007 par le président mexicain Felipe Calderon. Après s'être fait tirer l'oreille par Washington durant des années, le Mexique a décidé d'agir. Plus de 45 000 soldats ont été déployés partout au pays pour combattre les groupes criminels.

L'omniprésence de l'armée soulève toutefois des critiques. Un récent rapport de l'organisation Tlachinollan pour les droits de l'homme note: «Le pouvoir de l'armée est devenu une menace pour la société. L'armée n'est pas soumise au contrôle social ou judiciaire. Les militaires provoquent l'affrontement, ce qui crée la violence et nuit au travail des institutions démocratiques.»

Baron de la drogue arrêté

L'un des plus puissants barons du trafic de drogue au Mexique a été arrêté hier par la police fédérale mexicaine.

Teodoro «El Teo» Garcia Simental a été appréhendé à son domicile de La Paz, en Basse-Californie. Les autorités le traquaient depuis plus de six mois.

Garcia Simental est soupçonné d'avoir ordonné plus de 300 exécutions dans la région frontalière de Tijuana ces dernières années. Une récompense de 2,3 millions de dollars était offerte pour sa capture.