La suspension de la chaîne de télévision RCTV au Venezuela, sanctionnée pour ne pas avoir retransmis des allocutions du président socialiste vénézuélien Hugo Chavez, a suscité lundi des protestations tant d'étudiants à Caracas que des gouvernements américain et chilien.

Des dizaines d'étudiants très critiques envers le gouvernement ont bloqué les accès de plusieurs universités de la capitale, dont celle de Monteavila où ils ont été dispersés à coup de bombes lacrymogènes et de balles en plomb, ont rapporté des médias locaux.

«Les étudiants ne vont plus tolérer le manque de respect du gouvernement», a lancé Roderick Navarro, un leader étudiant de l'Université centrale du Venezuela.

RCTV et cinq autres petites chaînes ont été privées de diffusion dimanche par les câblo-opérateurs en vertu d'une nouvelle réglementation qui oblige les télévisions «nationales» --diffusant au moins 30% de programmes de production vénézuélienne--, hertziennes ou câblées, à retransmettre les messages de M. Chavez, connu pour ses interventions fleuve.

Parmi les chaînes sanctionnées figure TV Chile. Le gouvernement chilien espère que celle-ci sera rebranchée et un groupe de sénateurs demande une réaction ferme à la présidente socialiste Michelle Bachelet, qui sera remplacée en mars par le président élu Sebastian Pinera, critique envers M. Chavez.

«Nous avons pris contact avec l'ambassadeur du Chili au Venezuela (...) il y a des démarches administratives à suivre, le câblo-opérateur qui gère le signal de TV Chile au Venezuela est en train de les faire et nous espérons un retour à la normale dans les jours à venir», a dit la porte-parole de la présidence chilienne Pilar Armanet.

Les Etats-Unis ont pour leur part exprimé leur préoccupation. «Quand un gouvernement ferme une chaîne indépendante, cela constitue un sujet de préoccupation», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley à la presse, en allusion à RCTV.

Alors qu'elle était une des plus populaires du Venezuela, la chaîne s'est réfugiée sur le câble en 2007 après s'être vue retirer sa licence hertzienne pour avoir soutenu une tentative de putsch contre Chavez. Elle diffuse depuis de Miami sous le nom de RCTV International.

De ce fait, si le gouvernement considère RCTV comme une chaîne «nationale», elle, se considère «internationale» et devrait déposer un recours contre la réglementation cette semaine.

Vendredi et samedi, la chaîne n'avait pas diffusé les allocutions de M. Chavez. Les autorités ont signalé aux câblo-opérateurs qu'elles étaient «responsables» de l'application de la réglementation et, trois heures après, ceux-ci coupaient le signal.

Selon Diosdado Cabello, directeur de Conatel, l'organisme vénézuélien régulant les télécommunications, la chaîne pourrait émettre à nouveau si elle révise sa programmation pendant quatre mois.

En 2007, le retrait de la licence hertzienne de RCTV avait provoqué une vague de protestations massives qui avaient affaibli le gouvernement.