Un pont aérien sans précédent au Pérou a permis de secourir jeudi 1402 touristes bloqués depuis quatre jours près des ruines de la citadelle inca du Machu Picchu, à la suite de pluies diluviennes, mais il reste encore 800 personnes à évacuer, a indiqué le ministre local du Tourisme.

«Ce jeudi, 1402 touristes ont été évacués», a déclaré Martin Perez à la presse, en précisant que 93 vols avaient été réalisés durant 11 heures, grâce au retour du beau temps.

Selon les chiffres des autorités, il reste encore 800 touristes à secourir entre le Machu Picchu et le chemin inca, un sentier permettant de rallier à pied le site touristique le plus visité d'Amérique latine, sur lequel ont péri un guide péruvien et une touriste argentine, victimes d'éboulements.

«Nous les récupérerons vendredi à partir de 06H00 (11H00 GMT), si le temps est de notre côté», a-t-il précisé.

Selon la météo locale, la nébulosité devrait être limitée dans cette zone située à 1000 km au sud-est de Lima, ce qui permettra aux 12 hélicoptères mobilisés -dont six américains- de décoller.

Plus de 2500 touristes s'était initialement retrouvés bloqués depuis dimanche en raison d'intempéries sans équivalent depuis quinze ans, qui ont fait sept morts et 13 000 sans-abri dans le sud-est du Pérou, où le gouvernement a décrété l'état d'urgence pendant 60 jours.

Les touristes sortis d'affaire ont multiplié les critiques contre les autorités.

Un groupe de Chiliens, qui a marché pendant des heures pour sortir de la zone sinistrée, a accusé des militaires de leur avoir demandé 300 dollars pour monter à bord d'un hélicoptère de l'armée de l'air.

«Nous sommes restés pendant trois jours la faim au ventre, nous avons rencontré un hélicoptère et il nous a demandé 300 dollars pour nous transporter», a affirmé Javier Marquesi.

«Nous avons dû franchir une rivière qui nous montait jusqu'à la taille, traverser sur des troncs, nous avons vu un morceau d'une colline s'effondrer, c'était assez dangereux», a raconté pour sa part Hector Aravena.

Sans l'aide de la population locale, «nous serions déjà morts», a-t-il ajouté. «Les gens se sont bien comportés, ils nous ont bien aidés, ils nous ont donné à manger.»

D'autres touristes chiliens et argentins avaient auparavant raconté que des Européens et Américains avaient pu partir en premier, en payant 500 dollars ou en présentant de faux certificats médicaux pour monter dans un hélicoptère.

«C'était indigne de voir de vieux Péruviens et des Chiliennes enceintes rester à terre pendant que des touristes européens, américains et japonais jeunes et en bonne santé étaient transférés», a dénoncé dans la presse chilienne Alejandro Ceis, qui a dû payer pour quitter la zone.

Le ministre du Tourisme, qui avait assuré ces derniers jours que personne n'avait payé pour être évacué, a accepté jeudi l'envoi d'un hélicoptère privé pour aller chercher 14 touristes japonais.

L'entreprise Peru Rail a par ailleurs indiqué qu'une centaine de tronçons de la voie ferrée reliant Cuzco au Machu Picchu avaient été endommagés. Sa fermeture pour une durée indéterminée est un coup dur pour le tourisme, principale source de revenu de Cuzco.

Perchée sur un pic montagneux à 2500 m d'altitude, la citadelle du Machu Picchu est le fleuron du patrimoine péruvien, visité chaque année par 800 000 personnes, soit près de 2500 par jour.