Les proches de détenus politiques cubains ont donné le coup d'envoi lundi à La Havane de sept jours de commémorations de la vague d'arrestations d'il y a sept ans, dans un climat tendu par la mort récente d'un prisonnier et l'hospitalisation d'un dissident en grève de la faim.

Une quarantaine de «Dames en blanc», épouses, soeurs ou mères de prisonniers politiques, ont défilé sans incident de la maison de l'une d'entre elles dans le centre-ville jusqu'à une église proche, a rapporté un journaliste de l'AFP.

En chemin, elles se sont arrêtées une seule fois pour crier «Viva Zapata!», du nom du prisonnier politique Orlando Zapata décédé le 23 février à l'âge de 42 ans des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi.

Cette première journée commémorant les arrestations de 75 opposants en mars 2003 - appelées «Printemps noir» par la dissidence - a été dédiée à Orlando Zapata, a relevé Laura Pollan, porte-parole des «Dames en blanc».

Présente, la mère de Zapata, Reina Luisa Tamayo, a réclamé «l'exhumation du cadavre» de son fils de 42 ans, enterré dans la ville de Banes (840 km à l'est de La Havane), pour procéder à une «autopsie indépendante».

Mme Tamayo affirme n'avoir pas reçu le certificat de décès et le rapport d'autopsie de son fils, un maçon noir considéré comme un «prisonnier de conscience» par l'organisation Amnesty International, et soutient qu'il a été victime de «violence raciste» en prison.

Les «Dames en blanc» doivent rendre hommage mercredi au cyberjournaliste Guillermo Farinas, 48 ans, hospitalisé depuis jeudi dans l'unité des soins intensifs de l'hôpital de Santa Clara (270 km à l'est de La Havane) après 15 jours de grève de la faim et de la soif pour réclamer la libération de 26 détenus politiques malades.

Les autorités cubaines ont accusé M. Farinas de «chantage» et dénoncé une «campagne de diffamation» après la mort controversée de Zapata qui a suscité des critiques en Europe et aux Etats-Unis.

Le Parlement européen a condamné la semaine dernière la mort «évitable» de Zapata, ce qui lui a valu une réponse outrée du Parlement cubain et des médias locaux qui accusent les Européens d'être les laquais des Etats-Unis.

Des pays de gauche en Amérique latine comme le Brésil, la Bolivie et l'Uruguay ont eux pris la défense du gouvernement cubain dans cette affaire.

Le gouvernement de Raul Castro nie détenir des prisonniers politiques (au nombre de 200 selon la dissidence), affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des Etats-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo contre l'île communiste.

L'arrestation de 75 opposants en mars 2003, dont 53 restent sous les verrous, avait été à l'origine de la suspension pendant cinq ans de la coopération avec l'Union européenne.