Une trentaine de «Dames en blanc», épouses et mères de prisonniers politiques cubains qui effectuaient mercredi une «marche de protestation» dans les rues de La Havane, ont été emmenées de force dans des véhicules par la police.

Les «Dames en blanc» étaient conspuées dans la rue par plus de 300 partisans du gouvernement de Raul Castro quand des véhicules de la police sont arrivés. Des femmes policiers ont alors fait monter manu militari dans les véhicules les dissidentes, qui ont tenté en vain de résister, pour les conduire à la maison de l'une d'entre elles.

Reina Luisa Tamayo, la mère du prisonnier politique Orlando Zapata décédé le 23 février des suites d'une grève de la faim, se trouvait à la tête du groupe de femmes.

«C'est une manifestation pacifique et nous n'allons pas monter dans une guagua (minibus) du gouvernement qui maintient prisonniers nos proches depuis sept ans», avait déclaré Laura Pollan, l'une des leaders du groupe, avant d'être empoignée par des agentes de police.

Des militants pro-Castro ont applaudi la scène. «Il faut les faire monter par la force, c'est tout ce qu'elles méritent pour cette provocation», a lancé Margarita Rodriguez, une femme au foyer.

C'est la première fois que la police intervient ainsi pour couper court à une manifestation des «Dames en blanc» depuis deux ans.

Les «Dames en blanc» avaient déjà été prises à partie mardi par 200 militants pro-Castro après avoir donné lundi le coup d'envoi de sept jours de «marches de protestation» pour marquer le 7e anniversaire de la vague d'arrestations de 75 opposants, dont 53 restent sous les verrous.

Cette commémoration se déroule dans un climat tendu par la mort controversée d'Orlando Zapata suivie par la grève de la faim et de la soif de Guillermo Farinas pour obtenir la libération de 26 prisonniers politiques malades. Ce cyberjournaliste de 48 ans est hospitalisé depuis une semaine à Santa Clara (centre) et alimenté par voie intraveineuse sur ordre des médecins.

L'île communiste s'estime victime d'une «campagne de diffamation» et ses médias dénoncent quotidiennement l'Europe, dont le Parlement a voté la semaine dernière une résolution déplorant la mort «évitable» de Zapata.

L'Union européenne, les États-Unis et nombre d'organisations occidentales de défense des droits de l'Homme ont appelé à la libération immédiate des prisonniers politiques cubains après la mort de Zapata. Des pays d'Amérique latine comme le Brésil et la Bolivie ont eux marqué leur soutien à Cuba.

Le gouvernement cubain nie détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo contre l'île.

La vague d'arrestations de mars 2003 à Cuba, seul pays du continent dirigé par un parti unique, avait été à l'origine d'une suspension de la coopération avec l'Union européenne pendant 5 ans.