Deux organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme ont dénoncé lundi des conditions de détention de plus en plus dégradantes dans une prison de Port-au-Prince, où deux prisonniers, selon elles, sont morts il y a près de 15 jours.

Les deux prisonniers morts en détention ont été victimes de conflits entre détenus qui souvent se battent pour leur survie, a indiqué l'une des ONG, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

«La situation est très alarmante au pénitencier national, le plus grand centre de détention d'Haïti, où les détenus entassés dans des cellules trop étroites attrapent des maladies et ne reçoivent aucun soin médical», a déclaré à l'AFP Marie-Yolaine Gilles porte-parole du RNDDH.

«Le pénitencier est un enfer, les gens dorment debout ou dans des bouts de tissu», a renchéri Jean-Claude Bajeux, responsable du Centre oecuménique des droits humains.

Selon lui, 80 détenus sont morts en prison en Haïti au cours des deux dernières années, faute de soins.

«C'est effrayant ce qui se passe dans les prisons qui sont surpeuplées en Haïti, les détenus ne sont pas considérés comme des humains», regrette M. Bajeux, qui exige l'ouverture d'autres centres pour décongestionner ceux qui débordent de prisonniers.

A la faveur du séisme du 12 janvier, plus de 5000 détenus se sont évadés des prisons du pays, et des mutineries ont été enregistrées dans les jours ayant suivi la catastrophe, entraînant la mort par balles de nombreux détenus.

Dans la prison des Cayes, troisième ville d'Haïti, 10 détenus ont été tués par la police le 19 janvier, une semaine après le tremblement de terre, et un chef de gang en fuite a été à tort accusé des meurtres, a révélé une enquête du quotidien américain New York Times publiée dimanche.

«Nous sommes au courant de cette affaire, un rapport dressé par l'inspection générale de la police nationale est jusqu'à présent resté sans suite», a commenté la porte-parole du RNDDH.

Selon Mme Gilles, cinq centres de détention ont été détruits par le séisme et sur plus de 5000 détenus évadés, quelques centaines ont été rattrapés par la police.