Le FBI a ouvert une enquête hier, après la mort d'un Mexicain de 15 ans, atteint d'une balle tirée par un agent des services frontaliers américain, le deuxième incident du genre à survenir en huit jours.

La fusillade est survenue lundi à la frontière entre les villes d'El Paso et de Ciudad Juárez, où les tensions sont vives au sujet de l'immigration illégale et du trafic de drogue.

 

Quelques heures après la fusillade, les agents ont d'ailleurs dû quitter la scène du drame après que des militaires mexicains eurent pointé leurs fusils dans leur direction.

La nouvelle de la mort de l'adolescent a secoué la ville de Ciudad Juárez, pourtant habituée à vivre des atrocités et des meurtres au quotidien. L'El Paso Times a rapporté que des douzaines de citoyens en colère ont manifesté à la frontière et ont demandé que justice soit rendue.

Hier, la porte-parole du FBI pour la région d'El Paso, Andrea Simmons, a dit que l'enquête suivait son cours. «Nous récoltons des informations. Il y a plusieurs caméras vidéo dans le secteur, ce sont des informations que nous passons en revue.»

L'adolescent, Sergio Adrian Hernández Guereca, se trouvait en sol mexicain, lundi, alors que l'agent frontalier était sur le territoire américain, de l'autre côté du fleuve Rio Grande, qui ressemble à un vaste caniveau boueux à cet endroit.

Selon des témoins, des garçons ont lancé des pierres en direction des agents, qui procédaient à l'arrestation d'immigrants illégaux du côté américain. Un des agents a ouvert le feu en direction des jeunes, atteignant M. Hernández à la tête.

Réactions du Mexique

Le gouvernement mexicain a réagi en critiquant le travail des agents frontaliers américains. «L'usage d'armes à feu pour repousser des attaques à coups de pierres représente un usage disproportionné de la force», a-t-il fait savoir dans un communiqué.

Le président du Syndicat des agents frontaliers, TJ Bonner, a pris la défense de l'agent, dont l'identité n'a pas été révélée. «Les pierres qu'on lui lançait étaient des objets lourds capables de causer des blessures importantes et même la mort», a-t-il dit.

Les agents fédéraux ont l'autorisation d'utiliser une «force mortelle» lorsqu'ils sont eux-mêmes attaqués par une force pouvant causer la mort. Selon leurs directives, les pierres sont considérées comme des objets pouvant causer la mort.

Le 31 mai, un autre Mexicain, Anastasio Hernández, 32 ans, est mort après avoir reçu la décharge d'un pistolet électrique de type Taser administrée par un garde-frontière. M. Hernández tentait de traverser la frontière illégalement entre Tijuana et San Diego.

Le président mexicain, Felipe Calderón, a dénoncé les deux incidents et a appelé Washington à mener une «enquête solide et à punir les responsables» du drame.

Le président mexicain durcit le ton à l'égard des États-Unis ces jours-ci. Dans une entrevue à paraître dans un magazine allemand, il affirme notamment que les Américains «ont besoin de contrôler leurs armes».

«Nous avons saisi 75 000 fusils et armes d'assaut au Mexique au cours des 3 dernières années. Nos recherches ont montré que plus de 80% de ces armes provenaient des États-Unis.»

 

Violence à la frontière

Plus de 1112 personnes ont été tuées depuis le début de l'année à Ciudad Juárez, plaçant la ville en tête des endroits les plus violents de la planète.

Source: New Mexico State University