Le président élu de Colombie Juan Manuel Santos a proposé vendredi à Madrid au juge espagnol Baltasar Garzon de collaborer avec la justice colombienne «sur plusieurs fronts».

«Nous sommes en train de voir de quelle manière il pourrait nous aider sur plusieurs fronts», a déclaré M. Santos après avoir reçu à l'ambassade de Colombie en Espagne le juge Garzon, suspendu de ses fonctions pour avoir voulu enquêter sur les crimes amnistiés du franquisme.

Le président élu colombien, en visite officielle en Espagne, avait indiqué jeudi qu'il envisageait de créer une structure de conseil en matière de justice et d'impunité, qui pourrait compter sur la collaboration de M. Garzon.

Il a évoqué sa «vieille amitié» avec le magistrat espagnol qui travaille actuellement pour six mois comme consultant pour le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.

«Le juge Garzon a joué un rôle très positif dans tout le processus de démobilisation des paramilitaires en Colombie et dans l'application de la Loi Justice et Paix», a déclaré le président colombien.

«Il a une grande crédibilité et il va continuer à nous aider sur plusieurs fronts», a-t-il expliqué, tout en précisant que la nature de cette collaboration restait à définir.

Pionnier de la justice revendiquant une compétence «universelle», le juge Garzon s'est rendu mondialement célèbre pour avoir traqué l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet et d'anciens tortionnaires sud-américains.

En 2004, il avait inculpé un chef paramilitaire colombien, Carlos Castaño, et 33 autres suspects d'une tentative avortée d'exportation de cocaïne vers l'Europe.

Il devrait être jugé à l'automne par le Tribunal suprême espagnol pour forfaiture (abus de pouvoir). Il encourt une suspension de ses fonctions de 20 ans pour avoir voulu enquêter sur les crimes du franquisme couverts par une loi d'amnistie votée en 1977, deux ans après la mort du dictateur.

M. Santos avait été reçu jeudi par le roi Juan Carlos et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.