Les 33 mineurs bloqués depuis 18 jours à 700 mètres sous terre au Chili sont en «parfaite santé» et ont reçu lundi un premier ravitaillement via un «cordon ombilical», première étape d'une opération de sauvetage dantesque qui prendra «trois à quatre mois».

«Les 33», comme ils sont surnommés, «sont en parfait état de santé», a déclaré Mme Paula Newman, un médecin qui a pu établir un contact prolongé avec eux au fond de la mine d'or et de cuivre de San José, à 800 km au nord de Santiago.

La médecin a souligné qu'une première dose de solution glucosée a été transmise via une sonde, ainsi qu'un comprimé d'omeprazol, pour prévenir d'éventuels ulcères d'estomac après un tel jeûne forcé.

Selon le ministre chilien des Mines, Laurence Golborne, l'opération de sauvetage prendra «trois à quatre mois», si l'on prend en compte la conception d'un tunnel, la lenteur du forage -- 10-15 mètres maximum par jour-- et le sous-sol instable.

Mais dans le campement «Espoir» où les familles vivent depuis deux semaines près du site, tous ont dit lundi leur détermination à rester «jusqu'au bout». «Nous allons tourner (sur le campement) mais rester ici jusqu'à ce que sorte le dernier homme», a expliqué à l'AFP Dona Maria, mère d'un mineur piégé.

«Ils sont indemnes. Il n'y a pas de traumatismes» à rapporter, a déclaré le médecin après une communication d'«environ une heure» via un radio-téléphone avec les mineurs.

Les hommes «ont des problèmes plutôt mineurs par rapport à ce qu'on aurait pu attendre», après de longs jours de confinement sous terre par une chaleur suffocante (de 32 à 36 degrés).

Pour faire passer l'aide, les sauveteurs avaient auparavant renforcé un conduit de 8 cm de diamètre, par lequel le premier contact avait été établi dimanche avec les mineurs. «Le cordon ombilical est à présent assuré», avait déclaré Andres Sougarret, l'ingénieur coordonnant les travaux.

En parallèle, une perceuse hydraulique de 30 tonnes est arrivée lundi sur le site afin de creuser un puits vertical distinct, de 66 cm de diamètre, qui doit permettre à terme de faire sortir les mineurs, un par un.

Si elle est menée à bien, l'opération sera l'un des sauvetages souterrains les plus longs et les plus spectaculaires.

En 2006, deux mineurs étaient sortis vivants d'une mine de Tasmanie après avoir passé deux semaines à 1 km de profondeur. Ils avaient tenu cinq jours en léchant l'eau de ruissellement, avant qu'un tuyau ne soit percé pour leur faire parvenir de l'eau et de la nourriture.

Les 33 mineurs de la mine de San José, appartenant au petit groupe chilien San Esteban, ont fait savoir dimanche qu'ils étaient vivants, 17 jours après l'éboulement qui les a piégés. Un «miracle», selon le ministre des Mines.

«Nous sommes dans le refuge et allons bien, les 33»: ces mots griffonnés sur un bout de papier avait été remontés du fond par une sonde. Puis une micro-caméra a pu fimer plusieurs d'entre eux.

De brefs extraits des images ont circulé sur les télévisions chiliennes: on y distingue quelques lumières floues - les lampes des mineurs - puis furtivement un visage occupant tout l'écran.

Les mineurs se trouvent dans une zone-refuge, où ils ont «environ 1,5 km pour se déplacer», selon des experts travaillant sur le site.

Conserver son rythme de sommeil, garder l'espoir, maintenir la cohésion du groupe et gérer les déchets dans un espace confiné: tels sont les défis qu'ils devront relever, selon des scientifiques et spéléologues interrogés par l'AFP.

Pour Gino Erazo, un mineur travaillant à San José, le groupe des «33» tire sa force morale de son chef, Mario Gomez, un homme expérimenté de 63 ans. «C'est comme un père qui prend soin de ses enfants», a-t-il expliqué à l'AFP.