Depuis 19 jours, 33 mineurs sont bloqués dans la mine San José, à 800 km au nord de Santiago. Dimanche, miracle: un premier contact a révélé qu'ils étaient en vie. Mais leur calvaire n'est pas terminé: le sauvetage pourrait prendre de trois à quatre mois.

Après le miracle, l'attente.

Dimanche, au Chili, des larmes d'allégresse coulaient sur toutes les joues. Sur celles des familles des 33 mineurs, bien sûr, qui vivent depuis le jour de l'accident sur le site inhospitalier de la mine San José. Mais sur celles aussi de nombreux Chiliens, qui n'ont cessé de suivre les événements jour après jour.

Une sonde a percé le plafond d'un tunnel, à 688 m de profondeur. Lorsqu'elle est remontée, à sa pointe était accroché un sac plastique.

Le ministre chilien des Mines, Laurence Golborne, a délicatement détaché le sac. Il contenait des messages. L'un d'eux, bientôt brandi devant la presse par le président Sebastian Piñera lui-même, disait: «Nous allons bien, dans le refuge, tous les 33.»

Le président a souligné: «C'est le message de nos mineurs qui nous disent qu'ils sont vivants, qu'ils sont unis, qu'ils espèrent voir la lumière du soleil et embrasser leurs familles.»

Trou de 10 cm

Mais pour cela, il leur faudra attendre de trois à quatre mois, selon les autorités. Les spécialistes les plus optimistes parlent de deux mois.

Le trou creusé par la sonde va permettre de faire passer aux mineurs de l'eau, du sérum liquide, du glucose, des médicaments, de l'oxygène, un téléphone et des aliments énergétiques sous forme de gel. Mais il ne fait que 10 cm de diamètre.

Impossible de les sauver par cet orifice. Les secours ont tenté d'entrer dans la mine, au début des recherches, par la rampe d'accès principale et par une cheminée d'aération... au péril de leur vie. Le terrain est trop instable.

L'unique solution est donc celle d'un nouveau trou, creusé à la verticale sur 700 m de profondeur. Pour éviter tout risque d'éboulement, l'équipe de secours conduite par Codelco, entreprise publique chilienne et numéro 1 mondial de production de cuivre, a écarté l'option d'une sonde pétrolière: plus rapide, elle creuse aussi des trous moins stables. On a donc choisi une sonde spéciale, qui creusera la terre à partir d'aujourd'hui, semble-t-il. La cheminée qu'elle va créer fera 66 cm de diamètre, assez pour sortir les hommes de là.

«Ils veulent des brosses à dents»

Reste à savoir comment les mineurs vont supporter aussi longtemps cette attente à 700 m sous terre. Une attente dont ils n'ont pas encore idée. Hier après-midi, un premier contact téléphonique a pu être établi. Le ministre des Mines a souligné que les mineurs sont «sains et saufs» et qu'ils ont «très bon moral». «Ils ont juste les yeux un peu irrités par la poussière de la mine, ils veulent des brosses à dents et l'un d'eux a des maux de ventre.» C'est celui qui s'est érigé, semble-t-il comme le chef du groupe, qui a répondu au téléphone. Le vétéran des 33 mineurs, Mario Gomez, âgé de 63 ans, est le plus expérimenté. Il est mineur depuis l'âge de 12 ans.

Si l'impatience et la dépression sont désormais les pires ennemies des 33 mineurs, ils semblent tenaces et organisés, tout comme leurs familles. Des qualités dont ils auront tous besoin.