Les 33 mineurs bloqués depuis 19 jours au fond d'une mine du Chili ont demandé mardi au président Sebastian Pinera que le pays «ne les abandonne pas», et les sorte au plus vite de l'«enfer», tandis qu'en surface le forage d'un tunnel salvateur se préparait.

«Nous espérons que tout le Chili va faire l'effort nécessaire pour qu'on puisse nous sortir de cet enfer», a déclaré Luis Urzua, chef de tour des hommes piégés, dans un dialogue d'un quart d'heure avec le chef de l'État, par radio-téléphone installé au Palais présidentiel à Santiago.

«Monsieur le président, nous avons besoin que vous soyez forts, qu'on nous porte secours au plus vite, et qu'on ne nous abandonne pas», a poursuivi le mineur, d'une voix calme et résolue, dans l'échange dont la télévision publique TVN a retransmis des extraits. Il a réaffirmé que les 33 «vont bien».

Selon les prédictions des secouristes, il faudra trois à quatre mois pour extraire les mineurs bloqués à 700 m sous terre depuis un éboulement le 5 août dans la mine de cuivre et d'or de San Jose, dans le nord chilien.

Mais la durée anticipée des secours «ne leur a pas encore été communiquée», a rappelé le ministre de la Santé Jaime Manalich. «Mais d'après nos échanges, nous sommes certains que ces mineurs comprennent que la tâche va être longue».

Le chef de l'État a reaffirmé à la presse qu'ils «ne seront probablement pas avec nous à la surface pour le Bicentenaire (de l'indépendance du Chili célébré le 18 septembre) mais ils seront avec nous pour Noël et le Nouvel An».

Le Chili a fait appel à l'expertise de la Nasa pour son «expérience de l'espace», afin qu'elle aide à la survie des mineurs. Leur situation «est comparable à celle des astronautes qui restent des mois dans des stations spatiales», selon Manalich.

La Nasa s'est dite «prête à fournir l'assistance requise».

Aux abords de la mine, l'installation du puissant excavateur australien, le Strata 950, a commencé, avec le coulage de son support de béton. L'engin devra percer un tunnel de 66 cm de large, par lequel les mineurs seront extraits un à un.

Le forage devrait commencer «d'ici le week-end», a déclaré Andres Sougarret, ingénieur coordonnant les travaux.

Sous les ovations des familles des mineurs, d'autres engins ont quitté la mine. Ce sont eux qui ont percé pendant deux semaines les étroits conduits de 700 m, par lesquels un premier contact avec les mineurs a pu être établi dimanche, et par où passent ravitaillement et messages depuis 48 heures.

Selon Manalich, après 4-5 jours de réhydratation et réalimentation prudentes, «commencera une phase d'alimentation et d'entretien, qui comprendra un appui psychologique quotidien, mais aussi un programme d'exercices physiques tous les jours, pour éviter une atrophie musculaire».

Autre aide cruciale, des lettres écrites par leurs proches sur le conseil de psychologues ont été acheminées aux mineurs

«On lui écrit des blagues, on lui envoie plein d'énergie positive», a raconté à l'AFP Caroline, écrivant à son père Franklin Lobos.

Dans le même temps, le ton est monté mardi entre le gouvernement et l'entreprise San Esteban, propriétaire de la mine.

La compagnie, proche de la faillite depuis l'accident, avait dit lundi douter de pouvoir payer les salaires des mineurs, même les 33 piégés. Le ministre de l'Interieur Rodrigo Hinzpeter a fustigé une attitude «indécente», et a assuré les familles que le gouvernement «va les soutenir».

Il a prévenu que l'État explorera «toutes les options légales pour récupérer les coûts» des opérations de secours.