Fidel Castro a dissipé les doutes générés par ses propos, selon lesquels le modèle cubain «ne marche même plus» sur l'île communiste, en déclarant vendredi qu'ils avaient été mal interprétés par le magazine américain The Atlantic avec lequel il s'est récemment entretenu.

«Je le dis sans amertume ni préoccupation. Cela m'amuse maintenant de voir comment il l'a pris au pied de la lettre, puis a consulté Julia Sweig, la journaliste qui l'accompagnait, avant d'élaborer la théorie qu'il a exposée», a déclaré Castro.

Il faisait allusion à la déclaration polémique citée par le journaliste américain Jeffrey Goldberg dans un article mis en ligne mercredi sur le site du magazine www.theatlantic.com.

«Le modèle cubain ne marche même plus pour nous», avait-il répondu au journaliste qui lui demandait si le modèle cubain était, selon lui, exportable.

«La vérité, c'est que ma réponse signifiait exactement le contraire de ce que les deux journalistes ont interprété au sujet du modèle cubain», a ajouté l'ancien président cubain au cours de la présentation de la deuxième partie de son autobiographie.

Julia Sweig, qui a assisté à l'échange entre Fidel Castro et Jeffrey Goldberg, a cependant assuré à l'AFP que la phrase du dirigeant cubain n'était pas une boutade.

«Il ne blaguait pas. Je l'ai interprété comme une manière de dire que le modèle économique ne fonctionne plus, mais cela ne concerne pas la révolution, l'éthique socialiste, l'esprit d'indépendance, il parlait juste du modèle», a déclaré cette experte de la région au sein du Conseil des relations extérieures, un organisme indépendant.

L'économie cubaine, soumise à un embargo des États-Unis, a durement subi le contrecoup de l'effondrement du bloc soviétique qui assurait l'approvisionnement de l'île.

Castro, 84 ans, n'a pas expliqué comment il fallait interpréter ses propos, se contentant d'affirmer que c'était le système capitaliste qui ne fonctionnait pas.

«Mon idée, comme chacun le sait, c'est que le système capitaliste n'apporte plus rien aux États-Unis, ni au monde, qu'il conduit de crise en crise, des crises de plus en plus graves, globales et répétées, et auxquelles on ne peut pas échapper. A quoi pourrait servir un tel système pour un pays socialiste comme Cuba ?», a demandé Castro.

La phrase du dirigeant historique de la révolution cubaine, citée dans The Atlantic, a fait beaucoup de bruit à l'étranger, mais les Cubains n'en ont pas eu connaissance, puisqu'elle n'a pas été reproduite dans les médias locaux.

Julia Sweig estime qu'il y a une autre leçon importante à tirer des entretiens qu'elle et Jeffrey Goldberg ont eus avec Fidel Castro.

«Je sais que c'est difficile à croire, mais je pense que c'est son frère qui est aux commandes», a-t-elle déclaré.

En raison de graves problèmes de santé, Fidel Castro a cédé la présidence à son frère cadet Raul le 31 juillet 2006 et il se consacrait depuis à l'écriture de ses Mémoires et de «réflexions» sur l'actualité mondiale, jusqu'à ce qu'il effectue plusieurs sorties publiques remarquées ces dernières semaines.

«Fidel est consulté, il n'y a aucun doute là-dessus, mais il a cessé d'être en première ligne», affirme Julia Sweig.

Dans cette optique, ses propos sur l'échec du modèle économique cubain serviraient à aider Raul à vaincre les résistances internes au régime pour mettre en oeuvre les réformes destinées à tenter de redresser la situation économique de l'île, selon elle.

L'économie cubaine, fortement dépendante des importations, est minée par la corruption alimentant un imposant marché noir, une bureaucratie pléthorique et le plus vieil embargo au monde, imposé en 1962 par les États-Unis.