La mobilisation restait forte en Haïti pour prévenir la propagation de l'épidémie de choléra qui a déjà fait 284 morts selon le bilan communiqué mardi, soit 25 de plus que la veille, l'ONU appelant de son côté à maintenir la vigilance.

Un précédent bilan lundi faisait état de 259 morts et 3.342 personnes hospitalisées. Les chiffres communiqués mardi par le Dr Roc Magloire du ministère haïtien de la Santé publique font ainsi état de 25 décès de plus et de 270 nouvelles hospitalisations, sur un total de 3612.

A L'Arcahaie, petite ville au nord-ouest de Port-au-Prince, plusieurs personnes sont mortes du choléra depuis quelques jours. Mardi, Jacklin Anore, 24 ans, était allongé sur un lit dans une chambre plongée dans la pénombre de l'hôpital Nicolas-Armand. Son diagnostic n'est pas formalisé.

Affaibli au point de n'être pratiquement plus capable de lever la tête, il crache par intermittence dans un pot de chambre. Une infirmière lui verse de l'eau sur la tête. Jacklin lui sussure un «merci».

«Une épidémie d'ampleur nationale avec des dizaines de milliers de cas est une possibilité réelle», avait expliqué lundi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. «La situation est extrêmement grave et sur la base de l'expérience que nous avons des épidémies ailleurs dans le monde, il serait irresponsable de ne pas se préparer à une épidémie beaucoup plus importante».

Le gouvernement haïtien a annoncé avoir lancé «une grande mobilisation» au niveau des élus, des communautés locales et des établissements scolaires afin de prévenir la propagation de la bactérie.

Dans un rapport sur la situation de la maladie, Médecins sans Frontière (MSF) recommande mardi «la vigilance malgré quelques signes positifs» dans l'évolution de la situation.

L'organisation, qui dispose de 20 lits pour traiter des malades du choléra dans la capitale Port-au-Prince, indique y avoir traité 33 personnes. Elle précise par ailleurs que 100 tonnes de fournitures et de matériel sont en route pour Haïti, pays le plus pauvre du continent américain.

Eradiquée à Haïti depuis plus de 100 ans, l'épidémie a fait son apparition la semaine dernière dans le nord du pays en raison de la mauvaise qualité de l'eau potable. La crainte est de la voir se développer dans la capitale, où des centaines de milliers de personnes s'entassent dans des camps de fortune après le séisme du 12 janvier qui a fait plus de 250 000 morts.

Dans le centre de Port-au-Prince, les déplacés du séisme redoutent une propagation de la maladie. «Après la catastrophe du 12 janvier, Haïti est à nouveau victime. Nous sommes à la merci de Dieu, aucune autorité n'est venue nous voir», disait lundi un résident.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a toutefois estimé mardi qu'il n'était pas nécessaire de restreindre les voyages dans l'île sur laquelle se trouve aussi la République dominicaine, qui a annoncé la fermeture partielle de sa frontière.

Lundi des heurts entre soldats de la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah) et des centaines de Haïtiens s'étaient produits à la frontière entre les deux pays, mais mardi le calme était revenu.

Plusieurs pays et organisations internationales ont annoncé l'envoi d'aide dont l'Union des nations sud-américaines (Unasur), les Etats-Unis, le Brésil et la France, qui a décidé d'envoyer deux missions médicales et débloqué une subvention de 100 000 euros, en partenariat avec la Croix-Rouge française.

La Croix-Rouge française a annoncé mardi qu'elle avait pré-positionné dans le pays deux unités de traitement de l'eau.

Le choléra, maladie hautement contagieuse causée par une bactérie provoque de très violentes diarrhées, pouvant tuer en quelques heures. Des mesures d'hygiène draconiennes et la fourniture d'une eau sûre demeurent les meilleurs moyens de stopper plus ou moins rapidement la progression de l'épidémie.