Écoles fermées à Port-au-Prince, appel au calme: les Haïtiens attendaient fébrilement les résultats de la présidentielle, qui pourraient confirmer mardi la défaite du candidat du pouvoir Jude Célestin pour un deuxième tour entre Mirlande Manigat et Michel Martelly.

Les résultats du premier tour du 28 novembre seront annoncés «par voie de presse» à 18h, a fait savoir le Conseil électoral provisoire haïtien (CEP). S'ouvrira ensuite une période durant laquelle les candidats pourront contester les résultats, avant publication des chiffres définitifs le 20 décembre.

L'annonce des résultats suscitait mardi en Haïti la crainte que la situation ne dégénère, alors que les scrutins ont été marqués par des irrégularités et des violences qui ont fait au moins deux morts.

La Mission conjointe de l'Organisation des États américains (OEA) et des pays du Marché commun de la Caraïbe (Caricom) a exhorté les dirigeants des partis politiques haïtiens à appeler leurs partisans à garder leur calme.

Dans le même temps, des écoles de Port-au-Prince ont fermé leurs portes par mesure de précaution.

L'annonce des résultats du premier tour pourrait confirmer la défaite du candidat du pouvoir Jude Célestin et un deuxième tour, le 16 janvier, entre Mirlande Manigat, professeur de droit de 70 ans, et le chanteur Michel Martelly, 49 ans, allias «Sweet Micky».

D'après des données recueillies dans certains bureaux de vote par le Conseil national d'observation électorale (groupe d'observateurs haïtiens financé par l'Union européenne), Mme Manigat aurait recueilli 30% des suffrages, M. Martelly 25%, et M. Célestin 20%.

La semaine dernière, Mme Manigat et M. Martelly s'étaient déclarés confiants quant à leurs chances de se qualifier pour le second tour.

La victoire de l'une ou l'autre marquerait un changement politique majeur dans un pays dirigé depuis 2006 par le président René Préval, de plus en plus contesté par la population.

Son successeur devra gérer l'épidémie de choléra qui sévit dans le pays depuis la mi-octobre et qui a fait 2.120 morts, selon le dernier bilan des autorités.

Au moment où le pays attend les résultats des élections, les dernières nouvelles sur la maladie pourraient attiser la nervosité de la population: selon un rapport remis au ministère français des Affaires étrangères, le foyer infectieux de l'épidémie est parti du camp des Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU, a indiqué une source proche du dossier.

«Le foyer infectieux est parti du camp des Népalais» situé à Mirebalais près du fleuve de l'Artibonite, a dit cette source en se basant sur les conclusions du rapport du professeur français Renaud Piarroux.

L'information circulait déjà depuis plusieurs semaines en Haïti et a été à l'origine de heurts entre la population et les Casques bleus qui ont fait plusieurs morts.

À New York, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a affirmé qu'il n'existait aucune «preuve concluante» permettant d'étayer ces informations.

Autre dossier dont hériteront les nouveaux dirigeants haïtiens: les suites du séisme du 12 janvier, qui a fait plus de 250 000 morts et 1,5 million de sans-abri.

Les anciens présidents américains George W. Bush et Bill Clinton se sont rendus lundi en Haïti au titre du «Fonds Clinton-Bush pour Haïti» (www.clintonbushhaitifund.org), selon le journal Miami Herald.

Ils ont promis d'oeuvrer pour assouplir les relations commerciales entre les États-Unis et Haïti, afin de créer «100 000 emplois».