Le sous-commandant Marcos, chef de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), mouvement de rébellion mexicain, est sorti d'un silence de deux ans pour critiquer la guerre contre les cartels de la drogue menée par Mexico.

«Cette guerre ne va pas seulement provoquer des milliers de morts et des profits juteux. Elle va surtout laisser une nation détruite, dépeuplée, irrémédiablement brisée», écrit-il dans une lettre au philosophe mexicain Luis Villoro, publiée mardi.

Le président mexicain Felipe Calderon a déployé 50 000 soldats depuis son arrivée au pouvoir fin 2006, pour lutter contre les cartels de la drogue, sans parvenir à freiner la violence qui a fait quelque 34 600 morts en quatre ans.

Le guérillero encagoulé ne s'était plus exprimé publiquement depuis janvier 2009 et l'EZLN avait annulé les cérémonies pour commémorer l'anniversaire de son soulèvement armé au Chiapas, dans le sud-est du pays, le 1er janvier 1994, date de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.

L'EZLN, mouvement antilibéral luttant pour les droits des Amérindiens, assure avoir constitué une vingtaine de gouvernements autonomes indigènes.

Avec son ironie habituelle, Marcos affirme que «la guerre de Felipe Calderon» contre les cartels «est un commerce» auquel le président mexicain a consacré selon lui plus de 30 milliards de dollars de fonds publics entre 2007 et 2010.

Le sous-commandant considère aussi que son offensive bénéficie aux États unis, premier consommateur mondial de cocaïne et principal pourvoyeur en armes des autorités et des trafiquants mexicains.

«Les États-Unis gagnent-ils quelque chose avec cette guerre «locale»? La réponse est: oui», dit Marcos, également sceptique sur le bilan officiel de cette «guerre».

«De ces 34 612  personnes assassinées, combien étaient des délinquants? Et les plus de mille enfants assassinés, c'étaient aussi des tueurs à gages du crime organisé?», dénonce-t-il.

La Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH) a reçu des centaines de plaintes contre des soldats et nombre d'ONG déplorent la mort de civils dans les échanges de tirs entre «narcos» et militaires.