Carlos Bibiano Villa, chef de la police d'une ville du nord du Mexique, s'est vanté en entrevue d'avoir la gâchette facile face aux narcotrafiquants. Les propos du général à la retraite font scandale. Selon les défenseurs des droits de l'homme, ils reflètent l'absence de culture de la légalité des militaires qui luttent contre les cartels, explique notre collaboratrice.

«Mon pistolet sert à être utilisé, pas à faire peur.» C'est le petit-neveu du célèbre révolutionnaire mexicain Pancho Villa qui parle: le général à la retraite Carlos Bibiano Villa.

Il se répand ces jours-ci dans la presse mexicaine, vantant ses «exploits» en tant que chef de la police de Torreón, ville du nord du Mexique.

Tout a commencé par un entretien accordé au quotidien La Jornada dans lequel l'homme a confessé des exécutions extrajudiciaires: «Quand j'attrape un Zeta ou un Chapo, je le tue. Pourquoi l'interroger? Qu'il aille raconter à saint Pierre ce qu'il a fait», a fanfaronné l'ex-militaire, en allusion aux traitements qu'il inflige aux membres du groupe criminel des Zetas et à leurs adversaires du cartel de Sinaloa, dirigé par Joaquin «El Chapo» Guzmán.

Carlos Bibiano Villa, qui se définit comme un adepte de la «mano dura» (la main dure), exhibe fièrement son bilan : sous son mandat, 200 narcos ont été abattus, contre six policiers tués. L'homme en conclut que «les droits de l'homme, c'est une chose qui ne fonctionne pas».

«C'est de la barbarie pure» a réagi José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques de l'organisation Human Rights Watch. La Commission nationale des droits de l'homme, un organe gouvernemental, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur le général Villa.

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Mais pour l'instant, le principal intéressé n'a pas vu poindre l'ombre d'une sanction. Au contraire, il vient d'être promu secrétaire de la Sécurité publique de l'État de Quintana Roo, qui abrite la station touristique de Cancún. Au moment de quitter Torreón, lundi, le chef de la police a reçu les louanges de la municipalité pour son «efficacité».

«Qu'un militaire de haut rang ignore la plus élémentaire légalité et applique sa propre justice de manière fulminante est absolument lamentable», affirme en entretien avec La Presse le prestigieux juriste mexicain Miguel Sarre, membre du Sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture. «L'utilisation des militaires dans la lutte contre les cartels est une mauvaise idée», soutient cet expert, qui suggère de restituer cette tâche aux autorités civiles. Le président Felipe Calderon a déployé quelque 50 000 militaires dans tout le pays pour lutter contre le narcotrafic.

Des drones non armés des États-Unis effectuent des missions de renseignement sur le crime organisé au Mexique, a reconnu hier le gouvernement mexicain qui a autorisé ces opérations inédites et controversées afin d'enrayer la violence croissante des cartels de la drogue. «Le gouvernement du Mexique a demandé en des occasions et des événements spécifiques au gouvernement des États-Unis l'appui d'avions sans équipage pour l'obtention d'éléments d'information spécifiques», indique dans un communiqué le Conseil de sécurité nationale du Mexique. «Les objectifs, l'information à recueillir et les tâches spécifiques à réaliser ont été déterminés sous le contrôle des autorités mexicaines», ajoute cet organisme gouvernemental.