L'ancien président américain Jimmy Carter a rencontré des dissidents cubains, tôt mercredi matin, après deux jours d'entretiens avec plusieurs leaders politiques et religieux de l'île, dont le président Raul Castro.

Rien n'indique toutefois que sa visite lui aura permis d'obtenir la libération d'Alan Gross, un sous-traitant du gouvernement américain arrêté à Cuba en décembre 2009 alors qu'il travaillait pour un projet de renforcement de la démocratie appuyé par l'agence américaine de développement international (USAID).

Des membres de l'opposition cubaine, y compris dix dissidents récemment libérés de prison et des membres du groupe des Dames en blanc, ont pris le petit-déjeuner avec M. Carter dans un hôtel de la vieille ville de La Havane. Ils n'ont toutefois fourni aucun détail concernant leurs discussions.

M. Carter devait participer à une conférence de presse, mercredi après-midi, avant de quitter le pays.

Les dissidents cubains sont plus connus à l'étranger que chez eux, le régime castriste les traitant de mercenaires payés par Washington pour déstabiliser le pays. Des câbles diplomatiques américains mis en ligne par Wikileaks affirment quant à eux que les dissidents sont divisés par des querelles mesquines et qu'ils sont déconnectés de la réalité, étant trop préoccupés par le financement de leurs activités pour être en mesure d'organiser une opposition réelle.

Les relations déjà glaciales entre les deux pays se sont davantage tendues avec la condamnation de M. Gross plus tôt ce mois-ci. L'Américain a été reconnu coupable d'avoir importé illégalement du matériel de télécommunications dans le pays.

L'annonce surprise, vendredi dernier, de la visite de Jimmy Carter à Cuba a alimenté les espoirs que l'ancien président puisse faciliter la libération de M. Gross. Le gouvernement américain et la famille de M. Gross ont tous deux encouragé M. Carter à faire pression sur les autorités cubaines pour obtenir sa libération.

M. Gross s'est défendu en affirmant qu'il tentait d'aider la petite communauté juive de Cuba à améliorer son accès à Internet, bien que les leaders juifs de l'île aient nié avoir fait affaire avec lui.

La Havane considère que les programmes de l'USAID comme celui pour lequel travaillait M. Gross ont pour but de déstabiliser le gouvernement cubain.

Washington et La Havane n'ont pas de relations diplomatiques formelles depuis les années 1960, et les États-Unis continuent d'imposer des sanctions économiques et financières contre l'île, l'un des plus importants points de friction pour le gouvernement cubain.

La Havane demande aussi aux États-Unis de libérer cinq Cubains condamnés à de longues peines de prison aux États-Unis après avoir été reconnus coupables d'avoir agi comme agents étrangers non autorisés.

Les cinq hommes sont considérés comme des héros par le gouvernement cubain, qui affirme qu'ils ne faisaient que surveiller les groupes anti-castristes aux États-Unis et qu'il ne posaient aucune menace contre la sécurité nationale américaine.

Dans des déclarations publiques faites précédemment, des responsables cubains ont écarté la possibilité d'un échange entre M. Gross et les cinq prisonniers cubains.

Des responsables américains ont quant à eux affirmé qu'aucune détente des relations entre les deux pays n'était possible tant que M. Gross serait en prison.

Jimmy Carter s'était déjà rendu à Cuba en 2002, devenant le seul ancien président américain à avoir visité l'île depuis la révolution de 1959. Lors de cette visite de six jours, il avait rencontré le président de l'époque, Fidel Castro, et avait critiqué tant l'embargo économique imposé par Washington que le manque de pluralité politique à Cuba.

Lors de l'administration de Jimmy Carter aux États-Unis, les deux pays ont entretenu des relations meilleures qu'à l'habitude et ont ouvert des «sections d'intérêts» dans leurs capitales respectives.