Le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, responsable du dossier de l'achat des avions de combat pour moderniser l'armée de l'air, a démissionné jeudi et a été remplacé par l'expérimenté Celso Amorim, a annoncé la présidence.

La situation de M. Jobim était devenue «intenable», selon les analystes politiques, après une série de critiques contre des membres du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff.

«Jobim a présenté sa démission à la présidente Dilma Rousseff jeudi soir au siège de la présidence et elle l'a acceptée», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la présidence.

«Le nouveau ministre sera Celso Amorim», qui a dirigé la diplomatie brésilienne pendant huit ans sous les deux mandats de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, a ajouté le porte-parole.

Nelson Jobim a été l'homme fort de la politique de Lula visant à renforcer l'industrie de défense et les achats d'équipements sous forme de transfert de technologie.

L'un des gros dossiers, qui reste en suspens, est celui de l'achat de 36 avions de chasse où l'américain Boeing, le français Dassault et le suédois Saab sont en lice.

M. Jobim avait affiché sa préférence pour le Rafale, dans ce marché évalué entre quatre et sept milliards de dollars.

Nommé en mars 2007 par l'ex-président Lula, Jobim a été contraint à la démission après la publication dans l'influente revue Piaui de sévères critiques adressées à deux des principaux ministres de Dilma Rousseff et qui ont été la «goutte d'eau qui a fait déborder le vase», selon les analystes.

D'après M. Jobim, la ministre des Relations avec le Parlement Ideli Salvatti «est faiblarde» et la ministre-chef Gleisi Hoffmann «connaît à peine» Brasilia.

Une source du gouvernement a déclaré à l'AFP que «la présidente Rousseff avait lu avait l'article qui sortira vendredi et considéré que ces déclarations n'étaient pas raisonnables».

Le ministre a nié dans un communiqué avoir fait de telles déclarations, les attribuant à des «intrigues».

Nelson Jobim, 65 ans, membre du parti du Mouvement démocratique (PMDB-centre) de la coalition gouvernementale, avait admis il y a une quinzaine de jours que, lors de l'élection présidentielle de 2010, il n'avait pas voté pour Mme Rousseff, la dauphine de Lula, mais pour son adversaire  sociale-démocrate, José Serra. Ces déclarations avaient déjà irrité la présidente.

Dans des déclarations à la chaîne Globo News, la commentatrice politique Eliane Cantanhede, a estimé que M. Jobim «avait perdu du poids dans le gouvernement Rousseff» car c'est son ministère qui avait subi la plus forte coupe budgétaire en début d'année. Mme Rousseff a d'ailleurs suspendu l'achat des avions de chasse, privilégiant les dépenses sociales.

C'est le troisième ministre que Dilma Rousseff, au pouvoir depuis janvier, perd en peu de temps.

En juin, elle avait dû se séparer de son tout puissant ministre-chef, Antonio Palocci, accusé d'enrichissement illicite, et en juillet elle avait limogé celui des Transports, Alfredo Nascimento, pour corruption.