Le président du Chili Sebastian Pinera a engagé jeudi une série de mesures sur l'éducation, cependant d'ores et déjà jugées insuffisantes par les étudiants mobilisés depuis trois mois, et auxquels il a lancé que «rien n'est gratuit dans la vie».

Le chef de l'Etat, qui enregistre une impopularité record (26% d'approbation) depuis son arrivée au pouvoir il y a 17 mois, a annoncé la création d'une «Agence pour la qualité», dotée de 40 millions de dollars, chargée d'assurer des «standards minimum», dans un système éducatif très inégal en qualité.

Il a aussi annoncé deux projets de loi, pour le rééchelonnement de la dette de 110 000 endettés pour payer leurs études, et un autre pour baisser le taux des crédits étudiants, à ce jour plus chers que les crédits bancaires classiques.

Mais Pinera, en avalisant des mesures déjà proposées, a opposé une fin de non-recevoir aux étudiants qui lui demandent de revoir sa copie. Ils exigent en particulier une garantie constitutionnelle sur un noyau d'enseignement public gratuit de qualité.

«On aimerait tous que l'éducation, la santé et plein de choses soient gratuites pour tous (...) mais au bout du compte, rien n'est gratuit dans la vie et quelqu'un doit payer», a-t-il déclaré dans un discours a la présidence, tout en appelant les étudiants au dialogue.

Il a aussi affirmé que l'Etat planche sur un mécanisme qui verrait les municipalités -en charge des écoles publiques depuis les années 80- déchargées de cette responsabilité en cas de manquement à un niveau minimum. Une reprise en main par l'Etat est une des revendications des étudiants.

Ceux-ci maintiennent néanmoins leur mobilisation, et prévoyaient une nouvelle journée de manifestations le 18 août.

Des heurts épars ont encore opposé mardi des forces de l'ordre à des groupes de jeunes aux abords de l'Université technologique de Santiago, tandis qu'un rassemblement pacifique d'étudiants se tenait Plaza Italia, au centre ville.

Depuis mai, la mobilisation étudiante a suscité des manifestations parmi les plus importantes à Santiago depuis le retour de la démocratie il y a 20 ans, avec jusqu'à 80 000 personnes.

Elles ont aussi donné lieu à des heurts et violences avec 1 914 interpellations et près de 300 blessés en deux mois, a rappelé M. Pinera jeudi.