La justice chilienne a ouvert une enquête sur la mort en 1974 du père de l'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet, un général proche du président renversé Salvador Allende, pour déterminer s'il a succombé à des tortures dans les geôles de la dictature, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

«Des anciens officiers ont engagé une action pour homicide à la suite de tortures subies par le père de la présidente Bachelet lors d'interrogatoires à l'Académie de guerre», où il était détenu, a indiqué à l'AFP le juge Mario Carroza, qui supervise plusieurs procédures sur des crimes de la dictature.

Le général Alberto Bachelet, qui occupait un haut poste au ministère de la Défense du gouvernement d'Allende, avait été emprisonné après le coup d'État du 11 septembre 1973, traduit en conseil de guerre, et est décédé en détention en mars 1974 à 51 ans.

Le juge Carroza a indiqué avoir déjà entendu la veuve du général Bachelet, Angela Jeria, et un ancien capitaine, Raul Vergara, un co-détenu.

«Nous verrons en fonction des résultats d'autres actions éventuelles», a souligné le magistrat, en référence à de possibles poursuites.

La présidente (de 2005 à 2010) Michelle Bachelet, 59 ans, fut elle-même détenue et torturée avec sa mère en 1975, avant de partir en exil. Elle a toujours été d'une grande discrétion publique sur son histoire familiale.

La justice chilienne revisite depuis peu des zones d'ombres de la dictature: elle a ainsi rouvert l'enquête sur la mort d'Allende lors du coup d'État, concluant au suicide. Elle doit réenquêter aussi sur la mort en 1973 du poète Pablo Neruda, un adversaire emblématique de la dictature.

Une commission mandatée en 2009 par Mme Bachelet vient de réévaluer de plusieurs milliers de victimes, à environ 37 000 cas de torture et détention illégale et à 3225 morts et disparus, le bilan de la dictature de 1973 à 1990, à la lumière d'éléments ou témoignages nouveaux.