L'ancien président mexicain Vicente Fox, en visite en Argentine, a critiqué dans une interview publiée samedi la stratégie de lutte contre le trafic de drogue du président Felipe Calderon et a préconisé une amnistie pour mettre un terme à la violence.

«La stratégie du président Calderon est d'opposer frontalement toute la puissance de l'État à celle des trafiquants et de la pègre. Selon moi, on ne met pas un terme à la violence par la violence. Au contraire, quand on agit ainsi on amorce une escalade de la part des deux parties», a-t-il dit au quotidien argentin La Nacion.

Selon les chiffres officiels et le décompte de la presse mexicaine, plus de 41 000 personnes ont trouvé la mort depuis le lancement en décembre 2006 par le gouvernement mexicain de l'offensive contre le crime organisé avec la mobilisation de 50 000 militaires.

«L'armée n'est pas l'instrument le plus adéquat pour ce type de combat. Elle n'est pas formée aux tâches policières et il arrive souvent que les droits de l'Homme soient violés», a fait valoir Vicente Fox, président du Mexique de 2000 à 2006 et prédécesseur de Felipe Calderon, qui appartient comme lui au parti conservateur l'Action nationale (PAN).

L'ancien président propose la mise sur pied d'une «structure policière» spéciale dont les dirigeants seraient élus directement par les citoyens. Il préconise également un appel «à la trêve», avec la promulgation d'une loi d'amnistie.

«Le Mexique n'est pas un producteur important de drogue comme la Colombie, le Venezuela, l'Équateur ou la Bolivie. Il n'est pas non plus un consommateur important de drogue comme les États-Unis», a-t-il fait remarquer en reprochant au «gouvernement des États-Unis de ne rien faire pour réduire la consommation ou la distribution et la vente de la drogue».

«Le marché américain génère chaque année 50 milliards de dollars (...). Il est monstrueux de constater que cet argent est encaissé et blanchi aux États-Unis avant de revenir au Mexique pour promouvoir la corruption et acheter les armes que la pègre acquiert sur ce même marché noir nord-américain», a dénoncé Vicente Fox.

M. Fox participe en Argentine à un cycle de conférences organisé par une fondation privée dans la province de Salta sur le thème «Penser l'Amérique Latine».