Laura Pollan, la dirigeante des «Dames en blanc», mouvement créé par les épouses et proches de dissidents cubains emprisonnés, prix Sakharov 2005, est décédée vendredi d'un arrêt cardiaque dans un hôpital de La Havane, ont annoncé à l'AFP des opposants sur place.

«Elle vient de mourir. Son époux Hector Maseda est en haut, très affecté», a indiqué un des dissidents depuis l'hôpital Calixto Garcia où Laura Pollan, 63 ans, avait été hospitalisée d'urgence il y a une semaine souffrant d'une infection respiratoire causée par le virus respiratoire syncytial (VRS).

L'opposante, diabétique et souffrant d'hypertension, est morte dans le bloc opératoire de soins intensifs où les médecins lui avaient pratiqué une trachéotomie pour tenter de soulager son insuffisance respiratoire.

Laura Pollan avait fondé l'organisation des Dames en blanc, en compagnie de Berta Soler et d'autres femmes, après l'arrestation en 2003 et la condamnation à de lourdes peines de prison de 75 opposants cubains, accusés de travailler pour une puissance étrangère, dont son époux, aujourd'hui âgé de 68 ans.

Vêtues de blanc et des glaïeuls roses à la main ces épouses ou proches des prisonniers politiques défilaient souvent, en silence, le dimanche à La Havane pour réclamer leur libération malgré le harcèlement de la part des partisans du régime.

Le harcèlement dont elles étaient la cible amena en avril 2009 le cardinal Jaime Ortega à les défendre en intervenant auprès du président Raul Castro. Un dialogue inattendu s'était ouvert entre l'Église catholique et le gouvernement qui déboucha sur la libération de 52 prisonniers politiques toujours détenus sur les 75 arrêtés en 2003.

«Nous sommes consternés. C'est une femme qui a donné sa vie pour la liberté de Cuba», a affirmé à l'AFP Martha Beatriz Roque, seule femme parmi les dissidents emprisonnés en 2003.

«C'est une perte irréparable pour la société cubaine», a pour sa part estimé Elizardo Sanchez, dirigeant de la Commission cubaine pour les droits de l'Homme et la réconciliation nationale, illégale mais tolérée.

«Elle exerçait un rôle de direction indiscutable sur toute la question des droits de l'Homme, mais d'autres femmes vont la remplacer et poursuivre son action», a-t-il ajouté.

La presse officielle traite les Dames en blanc de «mercenaires» et de «fer de lance de la subversion», les accusant d'être financées par les États-Unis. Mais il s'agit du seul groupe d'opposition dont les manifestations sont tolérées par le pouvoir.

Petite femme blonde à la peau très blanche, particulièrement combative, Laura Pollan, professeure de lettres dans l'enseignement secondaire, avait fait de sa maison de la rue Neptuno, dans le centre de La Havane, le quartier général des Dames en blanc, y organisant réunions et «thés littéraires», et le point de départ habituel de leurs manifestations.

L'organisation a reçu en 2005 le prix Sakharov du Parlement européen et en 2006 le prix Human Rights First.

Les Dames en blanc avaient fait porter dimanche la responsabilité de la «santé» et de l'éventuel «rétablissement» de leur dirigeante sur les autorités cubaines.