Le chef de la guérilla des Farc, Alfonso Cano, l'homme le plus recherché de Colombie, a été tué lors des combats avec l'armée vendredi dans le sud du pays, a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos en appelant la guérilla à se démobiliser.

«La mort d'Alfonso Cano a été confirmée. Nous avons porté le coup le plus sévère à cette organisation de toute son histoire», a déclaré le président colombien lors d'une allocution télévisée, dans la nuit de vendredi à samedi.

«Nous devons insister jusqu'à ce que les Colombiens puissent avoir un pays en paix (...) la violence n'est pas la voie. Démobilisez-vous», a déclaré le chef de l'État en s'adressant directement aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc - marxistes).

Auparavant, la mort du chef des Farc, l'une des deux guérillas encore actives en Colombie avec l'Armée de libération nationale (ELN), avait été confirmée par le gouverneur du département de Cauca, où il a été abattu, puis par le ministre de la Défense Juan Carlos Pinzon, quelques minutes avant le président.

«Des forces de l'armée de terre et de l'air ont mené des opérations entre les municipalités de Suarez et Lopez de Mikay (département de Cauca) où l'on rapporte la mort historique d'Alfonso Cano», avait annoncé le gouverneur Alberto Gonzalez Mosquera.

Cano, 63 ans, considéré comme «l'idéologue» des Farc, dont le vrai nom est Guillermo Leon Saenz Vargas, est le troisième dirigeant historique de cette guérilla tué lors de combats ou emporté par la maladie depuis 2008.

En mars 2008, l'homme ayant fondé les Farc en 1964, Manuel Marulanda, que Cano avait remplacé, a été emporté par une crise cardiaque.

En septembre 2010, son chef militaire, Jorge Briceno, alias «Mono Jojoy», avait été tué dans un bombardement.

En 2008 aussi, les Farc avaient perdu deux membres importants de leur bureau politique: Raul Reyes, tué lors d'un bombardement en Équateur, et Ivan Rios, tué par son aide de camp.

Sous l'effet de la montée en puissance de l'armée et la police colombienne, les Farc s'étaient repliées dans leurs fiefs traditionnels - la cordillère des Andes, dans le centre du pays et les régions frontalières - passant de 17 000 combattants au début des années 2000 à 8000 combattants en 2010, selon des données officielles.

Toutefois, leurs actions s'étaient intensifiées en 2011, même si Alfonso Cano, un homme trapu portant des lunettes et une épaisse barbe noire, jugé plus politique et «modéré» que son prédécesseur, avait lancé en août 2010 un appel au dialogue au président colombien Juan Manuel Santos.

Les Farc s'étaient réorganisées, limitant leurs communications et privilégiant les petites unités.

Selon Ariel Avila, spécialiste du conflit colombien au sein de l'Institut d'études Corporation Nuevo Arco Iris, d'intenses combats opposaient la guérilla à l'armée depuis une vingtaine de jours dans le Cauca.

Depuis jeudi, une quinzaine de bombardements avaient eu lieu dans la région, selon lui.

Le ministre de la Défense a précisé que des forces terrestres avaient identifié un campement où il était installé avant d'encercler l'homme, qui est mort lors de combats avec l'armée vendredi après-midi.

Auparavant le responsable de la sécurité de Cano, avait été capturé et sa compagne aurait été tuée.

Le ministre a en outre montré une photo du chef des Farc, mort, les yeux grands ouverts et sans sa traditionnelle barbe noire.

«La mort d'Alfonso Cano va avoir un impact symbolique sur les Farc, mais surtout un impact sur ses structures, qui s'étaient réorganisées après la mort» de Manuel Marulanda, a déclaré à l'AFP le politologue Alejo Vargas.

«La guérilla aura beaucoup de mal à combler le vide» créé par la mort de Cano, non seulement en raison de son poids idéologique, mais aussi pour des raisons stratégiques», a déclaré pour sa part le spécialiste du conflit Alfredo Rangel, directeur de la Fondation Sécurité et démocratie.