Netzaí Sandoval est devenu en une semaine le symbole de la lutte pour les droits de l'homme au Mexique.

Le 25 novembre, cet avocat mexicain de 28 ans, doctorant en droit à Madrid, n'était encore qu'un illustre inconnu lorsqu'il a déposé, au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, une demande d'enquête sur les agissements du président Felipe Calderon, de plusieurs ministres, ainsi que de quelques-uns des principaux chefs des cartels de la drogue.

Il les accuse tous de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le lendemain, son nom était sur toutes les lèvres. Et le 28 novembre, la présidence a directement menacé Sandoval de poursuites pour «calomnies» et «accusations outrageuses».

Issu d'une famille de militants pour la justice sociale, avec pour exemple son père qui a longtemps dénoncé les disparitions forcées des dissidents politiques mexicains aux mains de l'armée dans les années 60 et 70, le jeune Netzaí était prédestiné à devenir un défenseur des droits de l'homme.

23 000 signatures

Lorsqu'il a lancé, au début de 2011, l'idée de réclamer un procès international contre Calderon pour les abus commis dans la guerre contre les cartels, il a obtenu le soutien de plusieurs associations et intellectuels de premier rang. Il a constitué un dossier de 700 pages qui documente 470 cas de torture, agressions, exécutions extrajudiciaires et disparitions forcées. En plus de cela, il a recueilli 23 000 signatures de citoyens mexicains adhérant à sa demande.

«Les 200 cas de torture par les militaires que nous répertorions découlent d'une stratégie absolument délibérée du gouvernement mexicain de faire usage de cette pratique», affirme-t-il en entretien à La Presse. Comme argument, il énumère toutes les mesures qu'a, sciemment d'après lui, évité de prendre Calderon pour prohiber la torture.

«Le gouvernement m'attaque en se moquant de ma jeunesse et de ma soi-disant ignorance, mais je ne suis pas seul: nous sommes 23 000! s'enflamme-t-il. Et pas un seul des ministres qui m'attaquent n'a été capable de démentir ce que nous affirmons, c'est-à-dire que les autorités mexicaines violent les droits de l'homme.»

Sandoval espère que la CPI, si elle n'assied pas directement Calderon sur le banc des accusés, obligera au moins l'État mexicain à juger les responsables des crimes, qu'ils soient issus du gouvernement, des forces de sécurité ou des cartels.