La présidente argentine Cristina Kirchner, âgée de 58 ans, est atteinte d'un cancer de la thyroïde et va être opérée début janvier, moins d'un mois après avoir entamé un second mandat de quatre ans.

Le porte-parole de la présidence, Alfredo Scoccimarro, a annoncé mardi soir à la presse que «le 22 décembre dernier, lors d'examens de routine, un carcinome papillaire a été détecté au lobe droit de la glande thyroïde» de Mme Kirchner.

M. Scoccimarro a précisé qu'«il n'y avait pas de métastase» et qu'«une intervention chirurgicale était prévue le 4 janvier». «La maladie est circonscrite», a-t-il souligné.

La présidente a subi mardi des nouvelles analyses et «il a été constaté que les ganglions lymphatiques n'étaient pas atteints», a poursuivi le porte-parole de la présidence, en ajoutant qu'elle devait être hospitalisée 72 heures et suivre une convalescence de 20 jours.

Mme Kirchner sera remplacée à la tête de l'Etat pendant sa convalescence par son vice-président Amado Boudou, récemment entré en fonctions après avoir été ministre de l'Economie. M. Boudou a été choisi par Mme Kirchner en raison de sa fidélité pour remplacer Julio Cobos, passé dans l'opposition.

La présidente argentine devient, après les Brésiliens Luiz Inacio «Lula» da Silva et Dilma Roussef, le Paraguayen Fernando Lugo et le Vénézuélien Hugo Chavez, le cinquième chef ou ex-chef d'Etat d'Amérique du Sud à avoir souffert d'un cancer ces dernières années.

«Les perspectives sont excellentes et la tumeur ne devrait plus évoluer après l'opération», a estimé l'oncologue Mario Bruno, membre de l'Association Argentine de Cancérologie.

La tumeur ayant été identifiée très tôt, «l'intervention devrait apporter une solution définitive au problème», a-t-il dit, assurant que Mme Kirchner devrait pouvoir «mener une vie normale».

Frappés par le nouvelle, des milliers d'Argentins ont immédiatement posté des messages de soutien, brefs et émus, sur les réseaux sociaux: «Fuerza Cristina!», «Avanti Morocha (brunette) !» pouvait-on lire sur Twitter et Facebook.

Dans un geste destiné sans doute à les rassurer, la présidente a décidé de poursuivre mercredi ses activités prévues à son agenda: dès le matin, elle doit recevoir des gouverneurs au siège de la présidence, avant de participer à une cérémonie militaire.

En 2011 la présidente argentine avait dû interrompre à trois reprises ses activités suite à un malaise provoqué par une baisse de tension: la dernière fois le 11 octobre, 12 jours à peine avant d'être réélue dans un raz-de-marée, avec 54,11% des voix au premier tour.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2007, elle avait annulé quelques déplacements à l'étranger pour la même raison. En avril, elle avait reporté à la dernière minute une visite au Mexique, alors que sa délégation était déjà sur place.

Son mari et prédécesseur Nestor Kirchner (2003-2007) avait été terrassé à 60 ans par une crise cardiaque le 27 octobre 2010, en pleine nuit. Le couple se trouvait en week-end dans son fief patagonien de El Calafate (sud).

Son deuil et une croissance retrouvée lui ont permis, après avoir été au plus bas en 2009 à l'issue d'un long conflit avec les agriculteurs, de renouer avec sa popularité du début de son premier mandat.

Faisant dans chaque discours référence à «lui» (son mari), la voix brisée, toujours vêtue de noir, elle était allé droit au coeur des Argentins à quelques mois des élections.