La présidente argentine Cristina Kirchner a accusé le Premier ministre britannique David Cameron de chercher à présenter l'Argentine comme un pays «violent» dans le différend des Malouines, lors de sa première apparition publique après 21 jours de convalescence.

«On veut faire de nous des garçons mauvais ou violents, ce que nous ne sommes pas», a dit Mme Kirchner, qui a été opérée le 4 janvier de la thyroïde et présentait une cicatrice horizontale au cou bien visible.

«J'ai entendu qu'on traitait les Argentins de colonialistes», a poursuivi la présidente, ajoutant : «Quand on en vient à dire des choses pareilles, c'est qu'on n'a plus d'arguments». «Nous n'avons pas fait partie, nous, d'aucune force d'invasion d'aucun pays», a-t-elle ajouté.

Mme Kirchner a rappelé que, pour l'ONU, les Malouines étaient un territoire à décoloniser. «Le comité de décolonisation de l'ONU a encore en examen 16 territoires qui sont des colonies, dont 10 de l'Angleterre et l'une des plus emblématiques d'entre elles sont nos îles Malouines», a dit la présidente.

M. Cameron a déclenché un tollé il y a une semaine en affirmant devant le parlement que l'attitude de l'Argentine vis-à-vis des Malouines s'apparentait «à du colonialisme».

La présidente argentine a énuméré une série d'entreprises britanniques «qui travaillent en Argentine», dont British Petroleum, HSBC, Glaxo, Unilever ou British Telecom.

«Comment cela se fait qu'elles n'ont pas peur de nous, si nous sommes tellement mauvais ?», a-t-elle demandé. «Le Premier ministre devrait avoir une petite rencontre avec les cadres et les Pdg de ces entreprises afin qu'ils lui expliquent comment nous sommes, nous les Argentins», a-t-elle dit.

Mme Kirchner a par ailleurs annoncé qu'elle allait déclassifier le fameux «Rapport Rattenbach» de 1982 sur le rôle des armées argentines pendant la guerre des Malouines, tellement critique qu'il avait été censuré et la version originale était restée secrète.

Le Royaume-Uni occupe les îles Malouines depuis 1833, après en avoir chassé les autorités argentines. Un millier de soldats britanniques y sont déployés.