Josefina Vázquez Mota est la première Mexicaine ayant une possibilité d'accéder à la présidence de son pays, le 1er juillet prochain. Chepina, pour ses admirateurs, est le visage aimable de la droite mexicaine. Mais ses positions conservatrices lui valent la méfiance des féministes.

«Je serai la première présidente de l'histoire du Mexique» a déclaré Josefina Vázquez Mota, dimanche soir, après avoir a recueilli 55% des voix à l'occasion des primaires du Parti d'action nationale (PAN).

C'est une déclaration prématurée de la part de cette élégante politicienne de 51 ans, si l'on sait que le centriste Enrique Peña Nieto, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), jouit d'une avance de 20 points sur elle dans les sondages. Mais au cours des derniers mois, Vázquez Mota, alors qu'elle n'était même pas encore la candidate officielle de son parti, n'a cessé de réduire cet écart qui la sépare du grand favori.

Ex-ministre des Affaires sociales et de l'Éducation publique, cette mère de trois filles qui s'habille chez les grands couturiers est réputée pour son caractère conciliateur. «Nous ne l'avons pas choisie parce qu'il s'agit d'une femme, mais pour sa sensibilité sociale, son aptitude au dialogue et son bilan sur le plan politique» explique José Espina, coordinateur de la commission électorale du PAN.

Celui-ci considère que les Mexicains sont prêts pour élire une femme, comme dans d'autres pays d'Amérique latine.

Mais Josefina, comme l'appelle la presse, ou Chepina pour ses sympathisants, est moins charismatique, moins populaire, plus élitiste et conservatrice que d'autres politiciennes comme Dilma Rousseff ou Cristina Fernández.

«Qu'il y ait une femme parmi les principaux candidats est sans aucun doute une bonne nouvelle», analyse l'anthropologue Pilar Muriedas, éminente féministe mexicaine.

«Mais c'est une femme qui ne défend pas la cause des femmes. Plus que les femmes, c'est son parti qu'elle représente: un parti assujetti à la hiérarchie catholique et qui a promu des réformes qui vont à l'encontre de l'émancipation de la femme.»

Pilar Muriedas fait notamment allusion au soutien apporté par Vazquez Mota aux réformes votées dans 16 États mexicains par le PAN et le PRI pour imposer des sanctions sévères, parfois même des peines de prison, aux femmes qui ont recours à l'avortement.

Dans la lignée de l'actuel président Felipe Calderón, Chepina tentera d'apparaître comme la candidate de la fermeté devant le crime organisé et la corruption. L'une de ses premières propositions électorales: la prison à perpétuité pour les responsables politiques qui se rendent coupables de complicité avec les cartels de la drogue.