Les policiers de Rio de Janeiro se sont joints dans la nuit de jeudi à vendredi à la grève lancée par leurs homologues de Salvador de Bahia, menaçant le bon déroulement du carnaval, mais les autorités ont affirmé que l'armée garantira la sécurité.

Dans la nuit, des centaines de policiers et de pompiers ont voté lors d'une assemblée générale une grève pour obtenir une augmentation de salaire, rejoignant le mouvement lancé il y a neuf jours par les policiers de Salvador de Bahia (nord-est), alors que le Parlement de Rio a voté jeudi une loi leur accordant une augmentation progressive de 39%.

Vendredi matin, la situation était calme dans les rues de Rio, deuxième ville du Brésil, alors que la grève à Salvador avait provoqué une vague de violences qui a fait plus de 120 morts en une semaine.

Le secrétaire à la Défense civile de l'État, le colonel Sergio Simoes, avait dit dans la nuit que 14 000 militaires étaient prêts à garantir la sécurité à Rio.

Le commandement de la police militaire de Rio de Janeiro a toutefois démenti vendredi que les policiers étaient en grève, cherchant à rassurer la population à huit jours du carnaval, une des plus grandes fêtes de rue au monde.

«Un groupe de policiers s'est mis en grève, mais ils sont une minorité (...) Le carnaval aura lieu normalement, et pour le moment, il n'y a pas besoin de faire appel aux forces armées», a dit à l'AFP le porte-parole de la police militaire (PM) de Rio.

Un colonel de la PM, Federico Caldas a précisé sur la radio CBN que 11 mandats d'arrêt avaient été émis contre les principaux dirigeants de la grève. «Il y aura une réponse dure (...) contre les policiers qui se croisent les bras», a-t-il promis.

Un porte-parole des grévistes, le caporal Joao Carlos Gurgel de la PM a déclaré dans une conférence de presse: «Ils peuvent nous arrêter, mais nous implorons la population de nous soutenir pour obtenir des salaires dignes. Ne croyez pas ce qu'ils disent, nous ne sommes pas des vandales».

Le commandement de la PM a affirmé que la situation était sous contrôle et que «toutes les unités travaillaient normalement», selon un communiqué.

«Aucun service à la population n'est paralysé. La police militaire réitère son engagement à assurer la sécurité de la population de Rio de Janeiro», a ajouté le commandement.

Les carnavals de Rio et de Salvador, qui réunissent tous les ans des millions de personnes, doivent commencer la semaine prochaine.

«Cette année, pour la première fois dans l'histoire du Brésil, nous serons peut-être privés de carnaval, ici dans notre ville», avait dit jeudi soir à l'AFP le pompier Reginaldo Adin, qui a participé à l'assemblée générale de Rio.

«Demain, il n'y aura pas de police civile et militaire dans les rues, nous resterons dans nos casernes et nous ne sortirons que s'il y a des risques pour les vies», avait renchéri le pompier Laercio Soares.

Le policier militaire Thiago Rodrigues dos Reis a appelé la population à ne pas sortir: «Population, nous sommes avec vous, a-t-il dit. Nous vous demandons seulement de ne pas sortir dans les rues, n'envoyez pas vos enfants à l'école, et que les commerces restent fermés», a averti le policier.

La présidente Dilma Rousseff a durement critiqué la grève de Bahia et a réitéré jeudi son refus d'amnistier les leaders du mouvement qui ont commis des délits «contre les personnes et l'ordre public».

Les policiers de Rio sont parmi les plus mal payés du pays, avec un salaire mensuel de départ de 1200 reals (700 $ US). Les grévistes réclament un plancher de 3500 reals (2000 $), plus 700 reals (400 $) en bons de transport et d'alimentation.

Ils protestent également contre la détention jeudi du leader syndical des pompiers, Benevenuto Daciolo, accusé par la justice d'alimenter la mutinerie.