Cuba va mettre en place «une réforme migratoire radicale et profonde dans les prochains mois», qui permettra d'éliminer les restrictions pesant depuis un demi-siècle sur la possibilité pour les Cubains de voyager à l'étranger, a annoncé vendredi le président du Parlement.

«Un des sujets dont nous discutons actuellement au plus haut niveau de l'État concerne la question migratoire, nous allons procéder à une réforme migratoire radicale et profonde dans les prochains mois afin d'éliminer ce type de restrictions», a affirmé le président de l'Assemblée nationale Ricardo Alarcon dans une entrevue publiée par le site espagnol rebelion.org.

«La question migratoire a toujours été utilisée comme une arme de déstabilisation contre Cuba depuis 1959 (avènement de la Révolution cubaine) et comme un élément de distorsion de la réalité cubaine», a affirmé M. Alarcon, président du Parlement depuis 1992 et membre du bureau politique du Parti communiste de Cuba (PCC).

Pour pouvoir quitter leur île, les Cubains doivent notamment obtenir un passeport, puis un visa d'un pays tiers et surtout un permis de sortie (carte blanche ou «tarjeta blanca») délivré à discrétion par les autorités.

Les formalités sont accompagnées de frais divers qui rendent souvent les démarches inabordables pour les Cubains dont le salaire mensuel moyen est inférieur à 20 dollars.

Le président cubain Raul Castro a annoncé à l'été 2011 la préparation d'une réforme et réaffirmé en décembre sa «volonté intangible d'introduire progressivement les changements requis dans cette problématique compliquée» de la politique migratoire.

Selon M. Alarcon, les restrictions aux voyages des Cubains viennent notamment de «la nécessité de protéger notre capital humain».

«La formation de médecins, de techniciens, de professeurs, tout cela coûte très cher à l'État cubain et les États unis font tout pour nous priver de ces richesses humaines», explique-t-il.

Outre les migrants illégaux, quelque 30 000 Cubains quittent l'île chaque année légalement, notamment pour les États-Unis qui délivrent quelque 20 000 visas par an aux Cubains.