(Bogotá) Le gouvernement colombien et les gangs de la ville de Medellin, l’un des hauts lieux de la criminalité du pays, entameront la semaine prochaine des pourparlers de paix en vue de désarmer les milliers de membres de ces groupes, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

« Aujourd’hui, nous voulons annoncer l’engagement public que des structures armées ont pris de faire un pas en direction de la “paix totale” », a déclaré à la presse le Haut commissaire à la paix, Danilo Rueda, en visite dans une ville voisine de Medellin.

« Depuis le début du gouvernement du président (Gustavo) Petro, nous avons constaté, par divers canaux, la volonté de certains groupes armés de Medellin et de sa région de faire partie de la “paix totale” », a expliqué M. Rueda.

« Depuis huit mois, nous nous sommes efforcés de corroborer cette volonté », a-t-il souligné, faisant état d’un « nouveau pas vers une phase de dialogue ».

Dans le cadre d’un ambitieux plan de « paix totale » pour la Colombie, le président de gauche Gustavo Petro, élu à l’été 2022, tente depuis plusieurs mois de négocier avec les guérillas et autres groupes armés actifs dans les provinces du pays, souvent liés au narcotrafic : ELN guévariste, dissidents des ex-FARC qui rejettent l’accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste, groupes paramilitaires, mais aussi groupes criminels tels que le Clan del Golfo.

Dans une lettre rendue publique vendredi, et relayée par le Commissaire à la paix, les chefs des groupes criminels de Medellin et de sa région ont exprimé leur soutien à « l’objectif du gouvernement national […] de construire la paix totale ».

En signe de paix, ils ont déclaré « la suspension de toutes les hostilités, confrontations ou disputes », selon cette lettre signée « Structures armées illégales de Medellin et de la Vallée d’Abura ».

M. Rueda a visité vendredi une prison à Itagui, près de Medellin, où sont emprisonnés plusieurs chefs de ces dangereuses bandes criminelles, la plupart impliquées dans le narcotrafic et l’extorsion à grande échelle.

Ces mafias, comme la redoutable « Oficina de Envigado », sont les héritiers du célèbre baron de la drogue Pablo Escobar, tué par la police en 1993 dans son fief de Medellin.

M. Rueda n’a pas précisé la date exacte du début des négociations ni les groupes concernés. Il n’a pas exclu la possibilité de discuter avec des chefs de gangs emprisonnés hors de Colombie.

S’il « est nécessaire de parler dans des prisons à l’étranger, cela se fera selon les procédures diplomatiques appropriées et avec les pays auxquels il convient de s’adresser », a-t-il ajouté.

Don Berna, ancien ennemi d’Escobar et fondateur de la « Oficina de Envigado », a été extradé vers les États-Unis en 2008.