(Asuncion) La justice électorale du Paraguay a exclu mardi toute fraude à la présidentielle de dimanche, et le président désigné Santiago Peña a appelé au calme après des manifestations de partisans du candidat arrivé 3e, qui dénonçaient des irrégularités présumées.

Environ 70 personnes ont été interpellées dans la nuit en divers points du pays pour troubles à l’ordre public ou refus d’obtempérer selon la police, qui n’a pas fait état de blessés.

Des routes ont été coupées par intermittence, mais la circulation était partout rétablie mardi matin.

Dans la capitale Asuncion, quelques centaines de partisans du candidat « anti-système » Paraguayo Cubas ont manifesté lundi soir, occasionnant des accrochages avec la police près du Tribunal électoral qui commençait mardi à valider des résultats, après réception des urnes électroniques du pays.

L’économiste de 44 ans Santiago Peña, candidat du Parti Colorado (conservateur) au pouvoir depuis sept décennies au Paraguay, a largement remporté la présidentielle, avec 42 % des voix, contre 27 % à son principal rival de centre gauche Efrain Alegre.  

Il succédera en août, et pour cinq ans, à l’actuel chef de l’État, Mario Abdo Benitez.

Paraguayo Cubas, au virulent discours antiparlementaire et anti-fonctionnaires, a créé la surprise en arrivant troisième, avec 22 % des suffrages.

M. Cubas, et son parti Cruzada Nacional, a stigmatisé « la “mafia”, les “narcotrafiquants” qui ont gagné alors que le Paraguay a perdu », et a dénoncé des irrégularités ou inconsistances dans le décompte. Tout en encourageant les manifestants.

« Il n’y a aucune possibilité de fraude, les résultats sont l’expression des citoyens, que cela plaise ou non », a affirmé à la presse Carlos Ljubetic, porte-parole du Tribunal électoral.

L’autorité électorale a déposé une plainte contre les manifestants « qui visaient à empêcher l’accès des camions transportant les urnes ».

La mission d’observateurs de l’Organisation des États américains (OEA) a pour sa part affirmé, dans son rapport préliminaire mardi, qu’« il n’existe aucune raison qui mette en doute les résultats présentés par l’Autorité électorale ».

Les résultats communiqués par les autorités électorales « coïncident avec les informations recueillies par nos observateurs », a déclaré le chef de la mission, Luis Lauredo.

Le président désigné Santiago Peña a par ailleurs estimé en conférence de presse mardi que les incidents étaient « prévisibles », venant du camp de Paraguayo Cubas.  

« C’est un secteur politique qui prône l’anarchie, l’instabilité […] Cela fait partie d’une stratégie pour capitaliser sur la colère, la frustration, le manque d’opportunités de beaucoup de gens ».