(Caracas) Des activistes ont manifesté vendredi devant le siège du Procureur de Caracas demandant l’abandon des poursuites contre 33 personnes arrêtées le week-end dernier lors d’une descente policière dans un local LGBTIQ+ à Valence.

Si les 33 hommes ont été libérés, ils restent sous contrôle judiciaire et accusés « d’attentat à la pudeur » et de nuisances sonores.  

« Ce n’est pas une “ connerie ” j’ai peur pour ma vie », ont notamment scandé les manifestants, avec un jeu de mots sur le terme « mariconeria », qui peut, en espagnol, vouloir dire vulgairement une chose sans importance ou un « truc de pédé ».

« Notre existence est une résistance » ou « Halte à la discrimination » « Stop à la haine » pouvait-on lire sur certaines pancartes de la manifestation qui a réuni une trentaine d’activistes.

« Ce qui s’est passé ce week-end à Valence a un immense impact social […], le pays et les citoyens ont appris qu’ils pouvaient être emprisonnés et poursuivis pour avoir exercé leur droit à la liberté sexuelle », a déclaré à la presse la militante transgenre Richelle Briceño.

Selon la presse locale, les interpellations se sont produites dimanche 23 juillet dans l’après-midi lors d’une « fête sexuelle » dans un sauna privé. Les militants ont dénoncé une « persécution » et une « criminalisation de l’homosexualité ».  

« Nous demandons le classement immédiat de l’affaire », a ajouté Mme Briceño, qui demande plutôt au Parquet d’enquêter sur les policiers qui ont procédé aux arrestations, ainsi que sur les procureurs et le juge chargés de l’affaire.

Les avocats soutiennent que la descente et la perquisition ont été effectuées sans mandat de perquisition.  

Les photos des personnes interpellées et des documents d’identité ont été diffusés sur les réseaux sociaux.

Mme Briceno demande également une enquête sur les médias qui les ont publiés, estimant qu’ils ont exposé les 33 hommes au « mépris public ».  

« Ce n’est pas un incident isolé, ce n’est pas une chose innocente, ce n’est pas une erreur de la police, ce n’est pas une erreur du parquet, c’est une politique de discrimination », a déclaré l’activiste Yendri Velasquez, qui assure que le sauna où a eu lieu la descente est le cinquième lieu privé LGBTIQ+ à être perquisitionné au cours des trois dernières années au Venezuela.  

« C’est l’escalade d’un processus de criminalisation et de persécution des personnes en raison de leur orientation sexuelle », a-t-il ajouté.

Briceño et Velasquez dénoncent une « homophobie d’État ».

Au Venezuela, la communauté LGBTIQ+ lutte contre la discrimination depuis des années, sans que la loi ne lui accorde des droits tels que l’égalité dans l’accès au mariage ou le changement d’identité de genre.