(Bogotá) Au moins neuf personnes ont été tuées dans des affrontements dans le nord-est de la Colombie entre guérillas de l’Armée de libération nationale (ELN) et dissidents des FARC, a-t-on appris lundi de source administrative locale.

Les combats se déroulent depuis ce week-end dans la localité de Puerto Rondon, dans le département de l’Arauca, a indiqué à la presse Wilinton Rodriguez, le gouverneur de cette région frontalière du Venezuela.

Ils opposent l’ELN à la faction État-major central (EMC) de la dissidence des FARC, selon M. Rodriguez. Le gouverneur a fait état de neuf tués et de cinq blessés, mais n’a pas précisé s’il s’agissait de combattants ou de civils.

La presse nationale affirme que les morts sont des combattants.

Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux par la dissidence, les blessés seraient des combattants de l’ELN, dont une mineure indigène.

Dans cette vidéo datant du 3 septembre, un commandant local de la dissidence des FARC demande l’intervention du gouvernement et du CICR pour « l’évacuation humanitaire » de ces prisonniers blessés, que l’on voit assis ou gisant au sol, ensanglantés ou des membres entourés de bandages médicaux.

« Il y a urgence […] nous ne sommes pas en mesure de les soigner, car ils sont gravement blessés […] Il y a d’autres prisonniers qui sont en bonne santé, mais nous trouverons un moyen pour qu’ils retournent dans leurs familles », ajoute ce commandant, identifié comme Antonio Medina, chef du Front 28 de la dissidence.

« Tout ceci est inutile, cette guerre est absurde », commente-t-il en conclusion.

Un autre vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par les canaux sympathisants du même groupe a montré une dizaine d’armes automatiques et mitrailleuses, apparemment saisies sur les hommes de l’ELN.

Sur le réseau social X, le CICR a « confirmé [lundi] avoir participé à une opération d’évacuation de plusieurs personnes blessées au combat cette fin de semaine dans une zone rurale d’Arauca ». C’était une « opération exclusivement humanitaire, résultat du dialogue bilatéral et confidential avec les acteurs armés », a souligné l’organisation internationale.

Un conseil de sécurité, réunissant les autorités locales et les forces de sécurité, s’est tenu lundi dans la vie d’Arauca, la capitale départementale

L’ELN, d’inspiration guévariste, et les dissidents des FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes) qui rejettent l’accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste, sont tous deux engagés dans des négociations de paix avec le gouvernement du président de gauche Gustavo Petro.

Les deux groupes, accusés d’implication dans le narcotrafic et l’extorsion, sont traditionnellement rivaux et s’affrontent régulièrement dans leurs zones d’influence respectives. Cette rivalité est particulièrement exacerbée dans l’Arauca, un bastion historique de l’ELN, et un haut lieu de trafics transfrontaliers en tout genre.

Selon les estimations des autorités colombiennes, l’ELN, fondée en 1964 serait actuellement le groupe armé le plus puissant du pays, avec 5850 membres. La faction EMC de la dissidence compterait 3540 hommes.

Alors que les négociations avancent laborieusement, experts et observateurs internationaux, à l’instar du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, se sont alarmés de « l’expansion territoriale continue des groupes armés et leurs stratégies violentes de contrôle social sur les populations civiles et les organisations de base, malgré le processus de dialogue proposé » par le gouvernement.