(Mexico) Environ 5000 personnes sont descendues dans les rues de Mexico mardi pour réclamer justice, neuf ans après la disparition de 43 étudiants dans l’État de Guerrero, une affaire qui avait choqué le pays.

Visiblement fatigués et silencieux, les parents des jeunes kidnappés dans la ville d’Iguala ont mené la marche.

« L’armée ne s’occupe pas de nous, elle nous élimine », pouvait-on lire sur l’une des affiches portées par les manifestants, en référence à l’implication présumée de l’armée dans cette affaire.

« Ce n’est pas un cas isolé. Les militaires sont très dangereux, à tel point que nous ne savons toujours pas où sont les 43, et il est certain qu’eux le savent », a déclaré à l’AFP Luis Rodríguez, 25 ans.

Ces étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa ont disparu dans la nuit du 27 septembre 2014 après s’être rendus à Iguala, où ils s’apprêtaient à monter à bord de plusieurs autobus pour se rendre à Mexico et participer à une manifestation.

Selon les versions officielles, ils ont été détenus par la police, en collusion avec des criminels, et auraient été livrés au cartel des Guerreros Unidos qui les aurait assassinés.

Les familles ont rejeté l’enquête du gouvernement d’Enrique Peña Nieto (2012-2018), qui affirmait notamment que les jeunes avaient été confondus avec des membres d’un autre cartel.  

Le président López Obrador a par la suite mis en place une commission chargée de faire la lumière sur cette affaire.  

Ce groupe d’enquêteurs, formé après un accord entre le gouvernement et la Commission interaméricaine des droits de l’homme, affirme que l’armée mexicaine a permis l’attaque et le meurtre des étudiants, les a dissimulés et n’a pas fourni d’informations transparentes sur les faits.  

Le 26 juillet, la commission a mis fin aux enquêtes qu’elle avait entamées en 2015, affirmant que l’armée avait refusé de transmettre des informations sensibles, rendant « impossible » la poursuite de son travail.

Les proches des victimes accusent le gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO) de ne pas avoir transmis toutes les informations dont il dispose sur l’affaire.

Le président López Obrador a défendu les actions de son gouvernement, qui prendra fin en 2024, en rappelant que deux généraux, 20 autres membres de l’armée, dont des officiers et des soldats, un ancien procureur général et quelque 120 autres personnes sont emprisonnés dans le cadre de cette affaire.

De nouveaux restes seront analysés

Un laboratoire autrichien va analyser des restes humains qui pourraient appartenir à certains des 43 étudiants mexicains de l’école normale d’Ayotzinapa, disparus il y a neuf ans, et dont les multiples versions de l’enquête suscitent de nombreuses polémiques, a annoncé mercredi le gouvernement.

Seulement trois victimes ont été identifiées par les experts de l’université d’Innsbruck.

« Nous avons d’autres dépouilles en attente d’identification », a déclaré Alejandro Encinas, vice-ministre chargé des droits humains, lors d’une conférence de presse.

Deux ensembles de restes, sur plus de 120 découverts, attendent de subir une analyse génétique au laboratoire d’Innsbruck, a déclaré M. Encinas, qui dirige la Commission de vérité nommée par le gouvernement.

Des experts du bureau du procureur général du Mexique effectueront également leurs propres analyses génétiques sur d’autres restes, a-t-il ajouté.

Selon M. Encinas, 132 suspects ont été entendus dans le cadre de cette affaire. Parmi eux, 41 membres du cartel de narcotrafiquants des Guerreros Unidos, 71 policiers, un ancien procureur général, 14 membres de l’armée et cinq autres fonctionnaires.